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Towards The Sun

30 novembre 2015

Day 47: On My Way

I don't know where I'm going, but I'm on my way. - Carl Sagan
(=Je ne sais pas où je vais, mais je suis en chemin.) 

Il fut un temps où je ne vivais pas pour moi, un temps où je laissais les autres influencer mes choix. Il fut un temps où les larmes ruisselaient le long de mes joues lorsque je regardais mon reflet dans le miroir, un temps où je ne ressentais plus rien, pas même la pointe du couteau scarifiant mes avant-bras. Il fut un temps où les lames des immenses couteaux de mes élèves m'attiraient dangereusement, un temps où j'ai défié la mort pour qu'elle vienne me chercher, un temps où, j'en étais persuadée, c'était la meilleure chose qui puisse m'arriver.

Bali n'est pas une oasis. C'est l'autre côté du désert. Mon désert.
Deux ans. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour le traverser. Deux ans pour apprendre, pour comprendre, assimiler, accepter et surmonter.

Je voulais que Bali me rende plus forte, que Bali fasse de moi un roc. Un roc insensible aux événements que je vais bientôt devoir affronter. Aujourd'hui, je sais que ça ne sera jamais le cas, je sais que je ne serai jamais prête à souffrir. Quand le jour viendra, mon coeur se resserra, la douleur m'envahira. Je ne retiendrai ni les larmes, ni les tremblements, ni les hurlements. Non, je ne suis pas prête à souffrir, mais je sais désormais que je suis capable de surmonter. Quand le jour viendra, quand les larmes dévaleront mes joues, quand la douleur prendra possession de l'intégralité de mon corps, je me battrai pour continuer à sourire, à éclater de rire.

Non, je ne vis pas comme dans un film. Ce sont les scénaristes qui s'inspirent de parcours comme le mien. Non, je ne suis pas un monstre. Je vois et je ressens juste des choses que les autres ne perçoivent pas. Des choses que je ne comprends pas, des choses que je ne maîtrise pas. Des choses que j'ai reçues en cadeau. Des choses que je dois apprendre à considérer comme un don.

Je ne laisserai personne décider pour moi, me définir au nombre de mes conquêtes. Je ne laisserai aucun homme me rabaisser, me blesser, faire de moi un numéro deux. Je préfère avancer seule, sans personne pour me prendre la main, que subir une relation où je ne m'épanouie pas. Je préfère être... libre.

Je suis rêveuse, j'ai les pieds sur terre. Je suis croyante, j'ai besoin de preuves. Je suis logique, je suis idéaliste. Je suis patiente, je suis perfectionniste. Je suis timide, je suis avenante. Je suis sociable, je suis indépendante. Je suis bavarde, je suis mystérieuse. Je suis docile, je suis têtue. Je suis danseuse, je suis boxeuse. Je suis câline, je suis féline. Je suis fragile, je suis battante. Je suis anxieuse, je suis déterminée. Acharnée.
J'enseigne l'anglais, je fais des ménages. Je fais tout pour décrocher mon visa pour le Canada, je pars à Bali. Mon parcours est atypique, mes choix déstabilisent mon entourage.

Non, je ne m'éparpille pas. Je me construis. 
Non, je ne sais pas pour quel métier je suis faite, ni dans quel pays je m'installerai. Je ne sais pas à quoi ressemblera le père de mes enfants, ni même si j'aurai un jour la chance d'être maman.
Non, je ne sais pas où je vais, mais une chose est sure : I'M ON MY WAY.

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29 novembre 2015

Day 46: Goodbye Bali

Comme toutes les bonnes choses ont une fin, ce matin, j'ai joué à Tétris pour la dernière fois. Tout devait rentrer dans mon backpack. C'était loin d'être gagné, mais - je suis plutôt fière de moi sur ce coup-là - j'y suis arrivée haut la main.

Parce que j'ai des copines en or et parce qu'on ne pouvait pas quitter Bali sans se faire masser une dernière fois, Mélody et Charline m'ont emmenée dans un super beau spa. Les petits spas en bord de routes touristiques peuvent aller se rhabiller, ici, rien qu'en voyant la décoration, j'étais d'accord pour leur prêter mon corps tout entier.
Et ça tombait bien car ils pouvaient nous prendre toutes les trois en même temps. Enfin, à condition que l'une d'entre nous accepte de se faire masser par... un homme. Vus les regards moyens confiants des filles, j'ai accepté. Après tout, un mec, dans ce métier, il y a fort à parier pour qu'il soit un peu plus qu'efféminé (rooooh le cliché !). Du moins, c'est ce que j'ai essayé de me convaincre. Et puis, j'avoue que ça m'intriguait de voir la différence avec les mains d'une femme. En repensant à la pitchoune aux mains d'acier qui m'avait massée à Ubud, j'appréhendais un peu la force de monsieur mais, la fermeté alliée à la douceur, c'était le pied / un super cadeau d'anniversaire !
Le massage en lui-même n'avait rien à voir avec celui du Putri spa. Outre les déplacements des mains très différents, mon masseur a particulièrement insisté sur le haut de mes fesses. Et moi, à ce moment-là, les seules réflexions qui envahissaient mon esprit c'était : 1-heureusement que je suis épilée, 2-heureusement que j'ai des intestins d'acier !

Le temps de profiter une dernière fois de la piscine, j'ai attrapé mon backpack, fait un gros bisou à mes copines de roadtrip et pris place à bord de la voiture du propriétaire de l'hôtel. Pendant le trajet, on a parlé de tout, y compris des balians, les guérisseurs balinais. Autant dire que c'était L'occasion rêvée pour aborder le sujet quelqu'un-est-il-mort-étranglé-sur-ces-terres-par-le-passé-?, mais je l'ai laissée filer. Rien que d'imaginer son expression décomposée, je me suis dégonflée. Le pourquoi du comment de mon expérience terrorisante restera donc un mystère.

Une fois à l'aéroport, j'ai pris la direction les toilettes pour troquer mon short et mon T-shirt contre mon jeans et mon sweat à capuche (sans oublier l'accessoire ultra sexy qui m'accompagne aux quatre coins du monde depuis 10 ans : mes bas de contentions !). Comme dans les films. Sauf qu'eux c'est pour se la jouer incognito. Mon but à moi, c'était de survivre 1-aux températures frigorifiques des avions, 2-au choc thermique qui m'attendait à Genève. C'est tout de suite beaucoup moins glamour, avouons-le !
Finalement, à l'aller comme au retour, peu importe la compagnie, l'emplacement ou l'heure, mon activité de prédilection aura été dormir. Enfin, dormir ET manger ! Garuda et Turkish Airlines savent parler à mon estomac. C'était bien bon, bon, bon tout ça.
C'est à l'aéroport de Jakarta
que les choses se sont légèrement compliquées. Me diriger directement vers ma correspondance ? Récupérer ma valise pour repasser les détecteurs de métaux ? J'ai rien compris !!! Bref, ma valise en main, je me suis rendue compte - trop tard - que la porte que je venais de franchir était la sortie et qu'il fallait donc - que ce soit la procédure normale ou pas - re-rentrer... Oups !? Je suis quand même allée vérifier auprès de la dame du guichet, qui a cru que je voulais acheter un billet. Heu... NON, tous ces zéros en roupie indonésienne, ça va pas être possible ! Moi je veux juste repasser les détecteurs de métaux sans être accusée de toutes les choses horribles contre lesquelles on m'a mise en garde quand je disais que je partais à Bali, à commencer par le trafic de drogue.
Ataturk, lui, c'est l'aéroport qui ne dort jamais. Même à 4h30, tous les magasins étaient ouverts. Et, à 7h, on se croirait à Times Square en pleine journée d'été. En fait, pas besoin de dépenser une fortune pour faire le tour du monde. Il suffit de prendre un café à l'aéroport d'Istanbul et c'est le monde entier qui vient à nous. Là-bas, c'est le festival des nationalités.
L'arrivée à Genève a été plutôt "tonifiante". À peine sortie de l'avion, j'ai senti l'air froid s'infiltrer dans mes narines et glacer mon sang. Aaaah... elles sont loin les gouttes de transpiration qui ruisselaient le long de mon dos il y a encore quelques heures ! Hum... et si, avant  que mon corps ne gèle intégralement sur place, j'accélérais le pas histoire de retrouver ma maman, ses bras ET mon gros manteau d'hiver ?

Sur la route, la pluie aussi était de la partie. Derrière les gouttes d'eau, les montagnes. Mes montagnes. Les yeux rivés sur ce paysage si familier, j'ai repensé à l'aventure magique que je venais de vivre, à ce que j'allais retrouver aussi. Un sèche-cheveux (une coiffure !), un placard, un bon matelas, un miroir sur pied, des ampoules lumineuses... tous ces objets qui semblaient indispensables. Et pourtant. Aujourd'hui, ils ne le sont plus vraiment.

Je suis partie pendant un mois et demi. 
Un mois et demi dans un pays que je connaissais pas, au rythme d'une culture que je ne maîtrisais pas.
Un mois et demi qui vient de marquer un tournant décisif dans ma vie.

On part souvent pour changer le monde, pour le rendre meilleur, mais au bout du compte, c'est le monde qui nous change.

27 novembre 2015

Day 45: A Very Special 27th Birthday

J'ai toujours pensé que mon 27ème anniversaire serait différent.
Original ? Nan. Après tout, ce ne serait pas la première fois. Qui peut affirmer avoir soufflé ses 20 bougies sur le dos d'une énorme dinde de Thanksgiving ?
Spécial ? Oui. Pourquoi ? Bonne question. 

Moi qui suis habituée aux pulls et parfois même aux premiers flocons de la saison le jour de mon anniversaire, j'ai eu droit à une météo diamétralement opposée : un beau soleil et un thermomètre à deux doigts d'exploser. Je n'en demandais pas tant madame Météo. Si, si, j'insiste. Parce que, si j'apprécie la marque de bronzage sur mon postérieur, sans vouloir vous offenser, la chaleur caniculaire, là, maintenant, tout de suite, c'est moyennement supportable. Du coup, tout prétexte étant bon pour passer quelques minutes sous la climatisation et bien que n'ayant absolument pas les moyens de dévaliser les jolies boutiques huppées du nord de Seminyak, on a adopté la technique aussitôt-sorties-d'un-magasin-aussitôt-rentrées-dans-le-suivant.
... Jusqu'à un temple en bord de plage... qu'on a finalement jamais trouvé ! C'est pas faute d'avoir tenté l'option je-le-guette-depuis-la-plage... Tout ce qu'on a gagné c'est de se brûler la plante des pieds sur le sable bouillant bouillissimant. Le Potato Head (le restaurant-bar-boîte-de-nuit envisagé pour le soir) non plus, on l'a pas vu. Bref, après un arpentage de sable interminable, on est enfin retombées sur une petite rue, sauf qu'on était perdues ! La chaleur, notre incapacité à se géo-localiser et ma tong cassée depuis trois semaines (à ma grande surprise, on trouve plus de 1-tongs 2-pas chères en France qu'à Bali !), c'en était trop ! Je me suis énervée toute seule sur place, de manière un peu trop expressive, peut-être... assez, du moins, pour attirer l'attention d'un couple d'occidentaux en scooter. "Vous allez bien ?" ... Oups !

Affamées et dégoulinantes, on s'est arrêtées à Cendana, un restaurant pas trop loin de la plage où j'avais déjà mangé avec mes copines du programme de bénévolat. Vous désirez ? Une table à l'ombre et votre piscine, s'il vous plaît. Piscine dans laquelle on a sauté dès notre commande enregistrée.

Après manger, les filles voulaient profiter une dernière fois de la plage. Personnellement, je préférais l'option piscine de l'hôtel que d'avoir du sable collant infiltré dans mes moindres recoins. Une fois débarrassée du Balinais qui m'a tenu la conversation pour mieux me vendre ses peintures par la suite, j'ai enfilé mon maillot et oooh... bonne surprise : j'avais la piscine pour moi. 
Seule, dans l'eau, les yeux rivés sur la fleur de frangipanier que je faisais tourner entre mes doigts, j'ai repensé à cette expérience incroyable qui touche à sa fin, à toutes les personnes très généreuses qui m'ont permis de la vivre et à toutes les belles rencontres qui resteront gravées en moi. À Bali, oui, mais en France, avant, aussi. Toutes les personnes qui ont décelé mon potentiel bien avant que je n'en prenne conscience, qui m'ont fait confiance, qui m'ont appris à donner le meilleur de moi-même. Toutes les personnes-obstacles en travers de mon chemin aussi car ce sont elles qui m'ont poussée à aller toujours plus loin, à dépasser mes propres limites, à prouver - me prouver - que j'étais capable. Tous ces êtres humains qui ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui, tous ces êtres humains à qui j'aimerais dire MERCI.
Une partie de moi a, bien sûr, envie rentrer pour serrer mes proches très fort dans mes bras, mais l'autre est terrifiée. Terrifiée de quitter cette île paradisiaque et cette culture tellement respectueuse, terrifiée à l'idée de devoir affronter la peur et l'avenir incertain qui l'attendent en France.
Ça fait deux semaines, jour pour jour, que le sang a coulé, deux semaines que mon pays s'est embrasé. Coupable. Oui, je me sens coupable d'avoir vécu l'une des plus belles expériences de ma vie pendant que mon pays plongeait dans l'horreur. Courir après la moindre connexion wifi pour se tenir informée, lire les articles de presse et les portraits - tous les portraits - des victimes pour mettre un nom et une vie sur un visage corps inanimé, et appréhender le moment, une fois rentrée, où l'on me reprochera de ne pas pouvoir comprendre parce que je n'étais pas là. Si ma bulle paradisiaque m'a protégée de la peur et l'angoisse, être expatriée n'en reste pas moins difficile dans ces moments-là. 
Arrêter. Expulser. Bombarder. Tuer. Ce sont les réponses immédiates que le gouvernement a trouvées. Et moi dans tout ça ? Je ne suis ni ministre, ni soldat. Bien sûr qu'il faut réagir. Mais qui s'intéresse au problème de fond ? Qui s'intéresse aux futures générations ? Les enfants d'aujourd'hui qui tiennent entre leurs petites mains le monde de demain. Les potentielles bombes à retardement. On ne naît pas monstre, on le devient. Si le mal s'apprend, alors le bien aussi. Et si c'était ça mon rôle ? Après tout, j'ai vu une lumière briller dans les yeux des adolescents en quête d'identité à qui j'enseignais lorsqu'ils réalisaient que, contrairement à ce qu'ils ont entendu toute leur vie, ils étaient capables, j'ai lu les mots d'un élève qui a découvert que, malgré le peu de temps qu'il lui restait pour rédiger et rendre son mémoire, il avait obtenu une excellente note, j'ai eu droit au sourire émail diamant de mon "petit nerveux" deux semaines seulement après le conflit du crayon de couleur. Ce que ça m'a demandé ? Des regards, des sourires, de la patience, de la détermination, de l'énergie. Beaucoup d'énergie. Quand je vois une petite étincelle, je ne peux pas m'empêcher de la transformer en feu de joie. J'ai ça en moi.
1h. Seule, dans l'eau, les yeux rivés sur la fleur de frangipanier que je faisais tourner entre mes doigts. 1h. C'est le temps qu'il m'a fallu pour réaliser que, oui, mon rôle à moi c'était peut-être ça : ENSEIGNER.

Le temps de revêtir nos plus belles robes de soirées (les seules qu'on a emmenées), on est parties, en taxi (pour être sûres d'arriver à bon port !), en direction du Potato Head, le célèbre restaurant-bar-boîte de nuit de Seminyak. En voyant l'important dispositif de sécurité à l'entrée et la longue allée de haies guindée, on a commencé à flipper. D'autant que, ce soir-là, le DJ Mr. Scruff était en concert dans l'établissement alors, rien que pour pouvoir rentrer, il fallait se déposséder de 100,000 IDR (6€, un prix exorbitant par ici). Heu... on aurait peut-être dû vérifier les prix avant de se lancer, nan ? Et puis, Hugo et Peggy (le couple de montpelliérains que l'on a rencontré à Pemuteran et revu à Amed) sont arrivés, on a demandé à voir la carte et nos doutes se dissipés. 
Le cadre était magnifique : la décoration toute en volets, le restaurant ouvert sur la piscine éclairée et la mer, la musique du DJ en fond, le personnel super sympa, la nourriture trop bonne et quatre personnes qui ont marqué mon expérience à Bali, assises là, autour de moi. J'ai même eu droit à un dessert d'anniversaire avec "Happy Birthday Tifany 27th" écrit au cornet. C'était tellement beau et bon que j'ai pardonné la double faute d'orthographe dans mon prénom. À la fin du repas, on est partis explorer les lieux : l'espace bar, la boîte de nuit avec le DJ derrière les platines, l'extérieur. C'est d'ailleurs là qu'on a choisi de poser nos fessiers, sur des fauteuils avec coussins au bord de la piscine. Le pa-ra-dis !

Ce 27ème anniversaire avait vraiment quelque chose de spécial.
J'en ai encore des étoiles plein les yeux. Je ne pouvais pas rêver mieux.

26 novembre 2015

Day 44: It's a Strange, Strange World

Une femme. Balinaise. Pratiquant le reiki. Moi. La vessie pleine. Deux autres personnes. Typées occidentales ? M'accompagnant à l'entrée des toilettes publiques. Et tout à coup, un toilette qui glisse de l'autre côté du mur, leur barrant le chemin, m'isolant. Moi, plaquée contre le mur opposé par une force trop puissante pour la combattre. Ma gorge se resserre. Impossible de respirer. Les deux autres personnes sont toujours bloquées, elles ne peuvent pas m'aider. Je sens la panique envahir chaque cellule de mon corps. Mais qui veut me tuer ? Je porte mes mains à mon cou. Il n'y a pas de mains. Pas de visage en face de moi. Personne. J'ai peur. Pourtant, ma gorge se resserre de plus en plus et mon dos est de plus en plus plaqué contre le mur. Et si c'était la fin ? Respire, Tiphanie, respire. Plus aucun filet d'air ne passe. Je ne peux plus respirer. Je vais mourir, c'est ça ? Et cette voix, dans ma tête, de plus en plus intense, de plus en plus présente. Réveille-toi, Tiphanie, ce n'est pas ta vie. Ouvre les yeux, Tiphanie, ce n'est pas ta vie. Ce n'est pas TA vie.

Je savais que ce jour viendrait, mais je n'y étais pas préparée. À la veille de mes 27 ans, pourtant, ce n'était pas très surprenant. En sueur, malgré la climatisation, je ne pouvais plus bouger. Mes membres, tous sans exception, étaient paralysés. Mes yeux, fermés. J'étais incapable de les ouvrir. J'avais peur, très peur de ce qu'ils risquaient de voir. Au-delà des frontières de la science. Ce que je venais de vivre, je le savais, je le sentais, n'avait rien d'un rêve.
Autant dire que le reste de la nuit, je n'ai rien dormi ! Ce qui m'a laissé le temps d'imaginer la tête du propriétaire de l'hôtel si je lui demandais : "Excusez-moi, quelqu'un est-il mort étranglé sur ces terres par le passé ?"

Notre mission de la matinée : trouver des cadeaux souvenirs, à un prix raisonnable, qui rentrent dans notre backpack, pour nos proches. Babioles attrapes-poussières inutiles étant bannies. Après une intense réflexion, ce sera thé, café, savon et Bintang citron. Sauf que, de petites boîtes en petites boîtes, on est toutes passées en caisse avec un panier bien garni... c'est qui qui va devoir jouer à Tetris pour tout faire rentrer dans sa valise ? C'est bibiii !
Après le supermarché, on s'est attaquées aux petites boutiques le long des rues. Ici, à Seminyak, les vendeurs-alpagueurs sont habitués aux touristes-naïfs-fraîchement débarqués qui n'ont pas encore intégré la notion des prix et les rudiments du marchandage. Du coup, les prix sont exorbitants et les négociations loin d'être une partie de plaisir. Notre pire expérience en la matière reste le vendeur de bijoux-babioles. Des rayons entiers de colliers et de bracelets plus ou moins gros, avec des perles plus ou moins colorées... et plus ou moins poussiéreuses ! J'avais flashé sur un grand collier de perles vertes (parfait pour compléter l'un de mes hauts de danse orientale en cours de confection) et deux petits bracelets avec la pièce porte-bonheur balinaise. Les mains des filles étaient, certes, un peu plus chargées mais, à nous trois, on était tout de même loin des 700,000 IDR (42€). 700,000 IDR ??? Il avait craqué !!! Et hors de question de baisser son prix ! Heu... loulou, même en France les petits bracelets-fils sont moins chers ! Bref... après une négociation particulièrement acharnée où je suis allée jusqu'à renoncer à mes supers trouvailles (à regret), il a finalement plié pour 250,000 IDR (15€) à trois. Soit quasiment un tiers du prix de départ !!! La négociation nous a demandé tellement d'énergie, qu'en sortant, j'avais l'impression d'avoir rédigé une dissertation !

Pour reprendre des forces, j'ai emmené les filles à The Dusty Café, le petit restaurant décoré comme un salon de thé qu'on avait beaucoup aimé avec mes copines du programme de bénévolat. Même table, même déco... en trois semaines, rien n'a changé... à part peut-être le magasin de l'autre côté de la rue. Le monsieur en équilibre sur son échelle a disparu. À sa place, il y avait des mannequins joliment vêtus. La nourriture non plus n'a pas changé, au plus grand plaisir de mes papilles. Capuccino glacé, burger, frites et tiramisu : j'étais requinquée ! 

Le temps de poser nos souvenirs à l'hôtel et d'enfiler nos maillots de bain, on est arrivées sur la plage in-extremis pour prendre le coucher du soleil en photo avant qu'il ne parte éclairer d'autres contrées.
Comme la marée était basse, on a posé nos affaires assez près pour ne pas se les faire piquer, mais assez loin pour qu'elles ne finissent pas dans l'eau... enfin, c'était sans compter sur cette petite fouine de vague qui avançait à une vitesse tellement réduite que, quand Mélody m'a suggéré de déplacer nos affaires, j'ai répondu, très sûre de moi : "Naaan, ça craint rien. Elle ira pas jusque là." Ah ben, en l'occurrence, si ! Le temps que ça monte au cerveau et que je commence à courir, elles étaient déjà en terrain inondé. Sachant que les grains de sable minuscules de Seminyak s'agglutinent comme des parasites et se faufilent dans des endroits improbables, j'étais raaaviiie !
De retour de sa baignade, Mélody a dessiné un cercle autour de Charline et moi que l'on a qualifié, en plaisantant, de prison. On était loin de se douter qu'il s'agissait, en fait, d'un attrape-weirdos ! Un mec avec un accent russe nous a abordées en français pour nous poser une question incompréhensible. Il a fallu le faire répéter trois fois avant que mon cerveau percute (décidément, j'ai du mal aujourd'hui !) et que mes yeux se portent sur sa tenue slip kangourou / collier ras de coup. Ce monsieur souhaitait savoir si, comme lui, nous étions intéressées par les rapports de soumission / domination. Sa question était tellement improbable que Charline est partie en fou rire ultra-communicatif. Bref... aucune de nous n'a réussi à se ressaisir assez pour lui répondre et l'amateur de soumission en slip kangourou a rebroussé chemin en direction de sa serviette, à quelques mètres de nous, et est resté planté là, debout, immobile, les yeux rivés sur l'océan. Après le rire, la peur. Il fait flipper ce mec, vous trouvez pas ? Hum... et si on se barrait ? Genre, là, maintenant, tout de suite !

On est parties en toute hâte, nos affaires souillées sous le bras, direction La Plancha, le bar de plage réputé pour ses gros poufs et ses parasols très colorés. J'avais bien envie de reprendre une sangria blanche (gin, sauvignon blanc, liqueur de pêche, fruits frais et limonade) sur fond de musiques festives. En prime, on a assisté à l'envol de lanternes volantes. Dans la nuit noire, c'était super beau !
Fruit du hasard ou conséquence d'une filature acharnée, on a réalisé avec effroi que notre ami sado-maso était assis juste à côté de nous, à la place des trois australiens plutôt sympathiques qui nous avaient invitées à sortir quelques minutes plus tôt... Oh pu-t*** ! Oh pu-t*** ! OH PU-T***** !!! Ni une, ni deux, on a décampé illico presto. Sur le trajet jusqu'à l'hôtel, à un pas effréné, j'essayais de me remémorer toutes les prises de self-defense que je connaissais. On ne sait jamais ! Notre seul arrêt : la petite supérette juste à côté de l'hôtel pour acheter notre dîner : un Magnum vanille enrobage chocolat-amandes. Très diététique...

Une fois dans notre chambre, hors de question de ressortir. 
Elle était vraiment bizarre, cette journée !

25 novembre 2015

Day 43: Time vs Transportation

14h. Après une matinée tranquille, à profiter une dernière fois de notre piscine-oasis, 14h, c'est l'heure à laquelle notre chauffeur de taxi-calèche était censé venir nous chercher. Sauf qu'il est arrivé avec 15 bonnes minutes d'avance, laps de temps que l'on avait prévu pour se changer / boucler nos valises. C'est balo !
Décidément, à Bali comme à Gili, peu importe le moyen de transport, les chauffeurs semblent avoir quelques soucis avec la notion du temps... Et alors, niveau amabilité, on n'en parle même pas ! (... enfin si, un peu quand même) Comme à notre arrivée sur l'île, on a eu droit à un cocher-porte de prison ! Heu... et sinon, le trajet jusqu'au bateau, on peut le faire au guidon de nos vélos ?
Un cocher-porte de prison qui ne s'est d'ailleurs pas gêné pour nous arracher un "100,000 IDR." alors que le propriétaire de l'hôtel nous avait annoncé 75,000 IDR... aaargh !

Si les chauffeurs de transports terrestres sont toujours mille fois trop en avance, pour les transports maritimes, on assiste à la tendance totalement opposée. C'est fou !
Une fois au bar d'embarquement, on a donc attendu, attendu, attendu... (oui parce que le bureau de l'agence se trouve dans un bar... à se demander si le retard n'était délibéré pour nous pousser à consommer !) Au bout de 30 minutes d'attente :
"Il arrive quand le bateau ?"
"Dans 20 minutes... Peut-être."
Ah ok... super ! Finalement, après avoir arpenté la rue touristique commerçante sablonneuse, acheté des chips-biscuits-sodas (le combo diététique par excellence !) et glandouillé sur les chaises du bar, on a ENFIN embarqué, les pieds dans l'eau avec, oh... une bonne heure de retard !
Si le trajet a été beaucoup moins tape-cul qu'à l'aller, il a aussi été beaucoup plus long. Déjà parce qu'on avait pris place à bord d'un ferry, pas d'un fast boat, mais aussi parce qu'il devait amarrer à Padang Bai, une ville beaucoup plus au sud de Bali qu'Amed.

Si je me faisais une joie de retrouver la mentalité hindouiste balinaise et les offrandes aux quatre coins des rues, mon cerveau avait omis un léger détail... "Transport? Transport?" Non, non et NON ! Bats les pattes, messieurs ! On a déjà un "transport". (à prononcer à l'anglaise, avec un roulement de R particulièrement prononcé)
Notre transport, justement, parlons-en ! 2h de route dans une navette 8 places, moi, derrière, avec d'autres passagers internationaux, Mélody et Charline assises devant, à gauche du chauffeur (car, ici, le volant est à droite), sans ceinture... "Tiph, nos sièges sont brûlants !"... les fesses posées au-dessus du moteur !
Après trois jours passés loin de tout engin motorisé, bienvenue dans la jungle de Denpasar, le seul endroit où j'ai vu une "autoroute" à Bali. Et la jungle, c'est peu dire ! 3 voies dans chaque sens (4 officieusement !), embouteillées, polluées, autorisées aux scooters "familiaux" (transportant jusqu'à 5 passagers : Papa aux commandes, l'aîné sur ses genoux, le cadet derrière, entre Papa et Maman, assise à l'arrière, bébé n°3 blotti dans ses bras... normal, quoi !)... Hé, chauffeur, c'est quaaand qu'on arriiive ???

À Seminyak, le chauffeur nous a proposé de nous déposer devant notre hôtel, à soit disant 10 bonnes minutes en voiture de l'arrêt prévu, pour 50,000 IDR de plus. Heu... tu nous as prises pour des pigeonnes ? D'après notre plan, la rue dans laquelle il se trouvait était à deux pas. Alors, nos sacs sur le dos, on a choisi l'option tassage-de-vertèbres-sous-le-surpoids-de-nos-backpacks plutôt que dépenser un montant pourtant ridicule quand on y pense (50,000 IDR = 3€, à trois... le retour de la revanche des radines !). Moui, sauf que, si la rue (déserte et peu éclairée) n'était pas loin, l'hôtel, lui, restait introuvable. Heu... monsieur le chauffeur, on peut revenir sur notre décision ???
Bon, finalement, grâce aux indications de locaux très gentils, on l'a trouvé, notre hôtel. Youuuhouuu ! Le propriétaire hollandais-francophone-gentil nous a accompagnées jusqu'à notre chambre. Tout droit, tout au bout du compound. Grande, avec un coin cuisine et un frigo (détail très important par cette chaleur humide, insoutenable !), décorée dans un style colonial, elle sentait... le vieux ! Avec une douche sans toit... qui attirait particulièrement les moustiques. Hum... il va falloir ressortir la citronnelle ! (à petite dose, cette fois-ci, promis)

Seminyak, c'est la dernière étape de notre road trip, la dernière étape de mon séjour dans les pas d'Elizabeth Gilbert. Rien que d'y penser, je sens une boule se former dans mon ventre... à moins que ce soit mon estomac qui appelle au secours. Après tout, depuis le petit déjeuner, je ne m'en suis pas vraiment occupé. 
On a passé la porte du Wacko, un restaurant à proximité de l'hôtel, 5 minutes avant la fermeture des cuisines. Ouf... juste à temps pour déguster un bon burger et des frites à tremper dans une sauce moutarde-mayo. Huuuum, la nourriture occidentale ! Je suis à deux doigts de la voir danser devant mes yeux tellement elle me manque. Et, en prime, la serveuse nous a appelées par nos prénoms tout au long du repas : "Miss Melody, Miss Charlina and Miss Tiffany." Elle était chou ! Aux petits soins et tout (un peu trop peut-être, mais comme ça partait d'un bon sentiment, on ne lui en a pas tenu rigueur).

Le retour à l'hôtel, on l'a un peu fait en mode Super Mario (la petite musique en moins). Si, les trottoirs balinais sont en général déjà conçus comme des dos d'âne (histoire de monter pour mieux redescendre), dans ce quartier de Seminyak, il y a un obstacle supplémentaire : les trous ! Et là, on était loin des petits trous de Serge Gainsbourg. Non, c'était plutôt des fossés, pas toujours encerclés de barrières, qu'il fallait enjamber ou contourner selon la largeur. Note à moi-même : abstiens-toi de rentrer bourrées au cours des jours à venir au risque de ne pas rentrer du tout pour cause de chute au fond d'un trou !

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24 novembre 2015

Day 42: Something Special About Bali

Une énergie particulière circule à Bali. Sa spécialité ? Se manifester dans des lieux et à des moments totalement inattendus. Il y a mes mains qui se marbrent au milieu de nulle part et puis il y a ces rencontres, ces discussions répondant à nos questionnements les plus profonds. Que l'on s'appelle Elizabeth, Tiphanie ou Mélody, on a toutes une bonne raison de poser nos valises à Bali. Un divorce, une quête personnelle, un projet qui nous tient à cœur.

Après une matinée tranquille, entre la piscine et les gros coussins des cabanes-huttes de notre hôtel-oasis, on est parties manger un bout les pieds dans le sable, les fesses posées sur un canapé en bambou face à la mer. C'est là qu'on a rencontré un franco-hollando-suisse avec un accent québécois (dur dur de s'y retrouver !), venu à Gili pour passer son Dive Master, et son perroquet d'un vert tellement flash que ça ne m'étonnerait pas qu'il brille le soir dans le noir. Ben quoi ? Si les perroquets peuvent parler, je vois pas pourquoi ils ne pourraient pas se la jouer luciole...

Nos estomacs repus, on s'est lancées dans une négociation "location de masques-tubas". 30,000 IDR (1,80€) les deux paires pour l'après-midi, sans trop batailler, ça nous paraissait plutôt pas mal. Une fois le deal scellé, on a réalisé que le propriétaire-loueur, en fait, c'était l'homme assis à côté de notre interlocuteur. Vue l'expression sur son visage à l'annonce du prix négocié, au final, à 30,000 IDR les deux paires, son pote nous les a carrément bradées !

J'avais à peine posé mon sarong-serviette de plage-paréo sur le sable qu'en relevant la tête, mes yeux ont croisé ceux d'Alain. Alain, le retraité de l'enseignement avec qui on a fait de la plongée sous-marine à Amed. Alain et son vélo. Sur la même plage que nous. Au nord de Gili T. C'est fou ! Le temps de discuter un peu, on a laissé Alain bronzer/surveiller nos affaires pour partir à la recherche de tortues. Moi aussi, mon tête-à-tête, je le voulais. Pour vivre un moment aussi privilégié, il a fallu braver, pieds nus, les coraux tranchants dans une eau peu profonde, à contre-courant. Trois-quart d'heures et une coupure à mon actif plus tard, toujours pas de carapaces en vue ! Leonardo, Donatello, Michelangelo et Raphael avaient apparemment d'autres chats poissons à fouetter. Franklin aussi. Déçue et fatiguée, j'ai regagné la plage. Si nos affaires étaient toujours là, Alain, lui, avait disparu.

Pour notre dernière soirée sur Gili T., on a pédalé vers l'ouest de l'île, à la recherche d'un bar sympa. Le coucher de soleil, on ne voulait pas le rater. Des bars, il y en avait deux sous nos yeux. Droite ou gauche ? Un choix des plus simple et pourtant... À la croisée des chemins. Face à notre destin. Car oui, que l'on s'appelle Elizabeth, Tiphanie ou Mélody, on a toutes une bonne raison de poser nos valises à Bali. Un divorce, une quête personnelle, un projet qui nous tient à cœur.
"J'aimerais beaucoup parrainer un enfant pour qu'il puisse aller à l'école. Mais pas avec une grande organisation. Je voudrais savoir où va mon argent. Je voudrais entrer en contact avec une petite association." C'était il y a quelques mois, à Paris.
Aujourd'hui, on était là, face à un choix. Droite ou gauche ? On s'est dirigées à droite, attirées par les fauteuils blancs et les coussins turquoises. Que ce serait-il passé si on était parties à gauche ? À long terme, je ne sais pas. Ce soir, en tout cas, on serait passées à côté d'... Alain ! Ce retraité que l'on connaissait finalement peu, cette personne magnifique que l'on a découverte dans un décor majestueux. Parrainer des enfants, c'est ce que son ONG Amitié Embrun Tiers Monde fait, depuis de nombreuses années, à Bilbalogo, au Burkina Faso. Le soleil a eu le temps de se coucher, la nuit de tomber, la marée de monter. On est restées là, pendant des heures, à l'écouter. Évoquer leur programme, leurs projets, leurs progrès. Et si, l'enfant parrainé, on pouvait le rencontrer, lui parler ? Le vent n'était pas le seul responsable des frissons sur ma peau et des larmes dans mes yeux. Voir Mélody parler à Alain, face à son destin. C'est ça aussi, Bali.
Mais, ce n'est pas uniquement pour Mélody qu'Alain a croisé notre chemin. Mon expérience de bénévolat à Bali a marqué un tournant dans ma vie. La première pierre d'un édifice à construire. Aujourd'hui, je veux m'investir plus. Plus loin, plus longtemps, plus intensément. Pour les enfants, bien sûr, mais aussi pour les femmes. Et si, moi aussi, je m'envolais pour Bilbalogo ?
Une chose est sure : cette fin de journée nous a complètement chamboulées !

Les pieds sur terre les pédales de nos vélos, la tête à Bilbalogo, on a fait un petit détour au Night Market pour acheter des gâteaux avant de rejoindre Tim et Alice, un couple de Français en mini tour du monde Asie-Australie, et Rodrigo, portugais (tous logés au Trawangan Oasis) au Sama Sama.
LA mission du soir : enfin consommer les Bintangs qui voyagent avec nous depuis quelques jours, le tout sans se faire repérer par les serveurs. Après mûre réflexion, on a retenu la technique d'ouverture la plus discrète à nos yeux : dans les toilettes ! Le retour de Charline, les bières ouvertes debout dans son sac à main, c'était tout un art et... plutôt comique à voir !

23 novembre 2015

Day 41: Sea, Swings & Sun

Du Nutella au petit déjeuner : ça faisait looogtemps que ça ne m'était pas arrivé ! Résultat : pour mon estomac, ce sera crêpe 1/2 sucre de palme, 1/2 Nutella ! Et pour mes hanches ? Oh... du gras ! Hum... et si on allait jusqu'au bateau en vélo pour contrer tout ça ?

Comme les îles Gili aussi sont réputées pour leurs spots de plongée, on a ressorti l'ensemble palmes-masque-tuba super sexy (!) et on a pris place à bord d'une grande barque en bois... comme une trentaine d'autres passagers !
Spot n°1 : après avoir plongé à Nusa Lembongan, Pemuteran et Amed, aussi horrible que cela puisse paraître, finis les "Ouaaah ! Oooooh ! Aaaaah !" : mes yeux se sont habitués aux poissons colorés et aux coraux de toute beauté. Au risque de passer pour une gosse de riche pourrie-gâtée-blasée, j'avoue que je n'ai pas été toute chamboulée par les fonds marins du spot n°1. 
Spot n°2 : on a jeté l'encre dans des eaux beaucoup moins profondes. Si les poissons et les coraux étaient plus proches et plus nombreux, il n'y avait toujours pas de tortues en vue.
Arrêt "remplissage d'estomac" : le bateau nous a déposés sur Gili Air, la plus petite des trois îles Gili. Nos plats avaient beau avoir été commandés avant d'embarquer, le service s'est fait en décousu. Mon curry de poulet n'avait rien d'exceptionnel, mais il m'a au moins redonné assez de forces pour agiter mes palmes de plus belles une fois de retour dans l'eau.
Spot n°3 : c'était notre dernière chance d'apercevoir des tortues alors, cette fois-ci, on a suivi le guide. Et - Ooooh ! - après une première "petite" posée sur le sable, on a en a vu une deuxième énorme en pleine séance de nage papillon. Ouaouuuh !!! Oubliés les trente autres touristes, oubliées les gouttes d'eau salées qui me brûlent les yeux. À cet instant précis, le reste du monde aurait pu s'écrouler. J'avais le monde de Némo rien que pour moi, quelques mètres plus bas !

De retour sur Gili T., on a enfourché nos vélos à la recherche des célèbres balançoires dans l'eau au nord-ouest de l'île. Si les touristes font la queue au coucher du soleil pour prendre la pose, en fin d'après-midi, il n'y avait personne. Alors on en a profité. La première que l'on a trouvée était surplombée de deux petits drapeaux indonésiens au sommet et il y avait un hamac à côté. De face, de dos, assises, debout... on en a pris des clichés ! Plus loin, on est tombées sur les balançoires de l'hôtel Ombok, celles à l'origine de la tendance. Et là, on s'est lâchées : que ce soit en se balançant, en prenant la position du lotus ou en exhibant nos talents d'acrobates, on a joué à fond la carte de l'originalité ! Quoi ? Kitch ? Nous ? Jaaa-maiiis !!!

Comme le soleil commençait à descendre, on est remontées sur nos vélos à la recherche d'un bar en bord de plage pour le regarder se coucher, une petite Bintang citron à la main. On a opté pour le Pandawa Conflict, une petite paillote joliment décorée à l'aide de cadres en bois. Et finalement, notre apéro, on l'a carrément dégusté les pieds le corps dans l'eau (chaude, très chaude !).
De retour sur mon sarong-serviette de plage-paréo, j'ai assisté au plus beau coucher de soleil de toute mon expérience en Indonésie à ce jour. Les couleurs du ciel, des nuages, des montagnes et de la mer ! Cette énooorme boule de feu qui a disparu peu à peu, cachée derrière cette montagne rikiki ! Ouaouuuh !!! Oooh oui, aujourd'hui, le reste du monde aurait bien pu s'écrouler...

Après le soleil, la lune ! Rouge, elle aussi ! 
En sortant de la douche, j'ai pu constater les dégâts en matière de coups de soleil sur mon arrière-train. Avant d'entamer ma matinée snorkeling, il semblerait que le petit boulet que je suis a négligé d'étaler de la crème solaire aux abords des coutures de son bas de maillot de bain. Décidément, j'ai beau faire des progrès, à terme, il va peut-être tout de même falloir que j'envisage acquérir une plantation d'aloe vera, moi !

Nasi Goreng, Mie Goreng, Nasi Campur... aussi bon que le poulet et le riz puissent être, mon estomac arrive à saturation. Les burgers, frites, pizzas et burritos, rien que de les imaginer se frayer un chemin de ma bouche à mes intestins, ma production salivaire s'est intensifiée ! Du coup, nous avons garé nos vélos devant Pizza Regina, une pizzeria au sud de l'île. Bon, certes, en arrivant à 21h, on était quasiment les seules dans le restaurant mais, comment est-ce possible qu'il ne se soit écouler que 5 minutes - top chrono - entre la prise de la commande et le dépôt de nos pizzas sous notre nez ? Genre les mecs ils savaient déjà ce qu'on avait envie de manger avant même d'avoir choisi le ventilateur sous lequel on allait s'installer !

Le soir, il y avait un concert reggae-rock au Sama Sama. L'ambiance était sympa, le groupe jouait bien. Et puis, j'avoue que c'est rigolo de voir des Indonésiens avec une tignasse. À Bali, les hommes ont tous des coupes courtes, voire des cheveux tout juste assez longs pour pouvoir être coiffés en piques. À Gili, en revanche, on bascule dans un autre monde. Ici, dreads et cheveux longs (qu'ils soient lisses ou semblables au pelage d'un mouton) sont au rendez-vous. On a trinqué autour de trois mojitos Bob Marley et, pendant la pause des musiciens, on a bougé nos corps de plus en plus colorés (qu'ils tirent vers une teinte café comme rose prononcé !) sur la piste de danse au son des musiques dignes de nos soirées. Si, dans ces moments-là, on espère toujours que notre déhanché endiablé attire le beau gosse de la soirée, dans la réalité, on se fait accoster par le laideron aux cheveux longs le monsieur dont le coiffeur a mis la clé sous la porte il y a déjà fort longtemps et "barbe rousse" ! Et on se fait éclabousser par le contenu des verres d'un couple de dingos qui dansent se tortillent comme s'ils étaient possédés. Une chose est sure : eux, les champignons qu'ils ont consommés, ils venaient pas de Paris !!!

22 novembre 2015

Day 40: Gili T. Is NOT Bali

Aujourd'hui, on a quitté Bali.

Un taxi "décapotable" est venu nous chercher. Pas de places assises pour les passagers, on s'est retrouvées, avec nos gros sacs à dos, dans le coffre-remorque ! En mode Pekin Express. Notre confort rudimentaire en a pris un coup lorsque d'autres passagers sont montés. Heu... chauffeur, ça devient un peu trop étroit à l'arrière tout à coup ! J'ose même pas imaginer le "débarquement immédiat collectif" en cas de freinage intempestif...
Une fois à destination, on n'a même pas eu le temps de descendre du coffre que des femmes (avec une corpulence largement inférieure à la mienne) avaient déjà attrapé nos sacs, les avaient posés sur leur tête et en avant Guingamp. Mais comment tu fais ??? Moi, rien que quand je le porte les 17kg sur mon dos, je sens mes vertèbres se tasser !
Le temps de mettre nos chaussures dans une caisse, on a embarqué les pieds dans l'eau. Au revoir Bali. Bonjour Gili. À l'avant du bateau, plusieurs valises étaient entassées devant la porte des toilettes. Avec des passagers occidentaux, potentiellement sous l'emprise du fameux "Bali Belly", c'était peut-être pas l'idée du siècle... y a plus qu'à espérer que personne ne ressente l'envie soudaine de se vider !
Nos intestins ne sont pas les seuls à avoir été testés pendant la traversée, nos estomacs aussi ont été mis à rude épreuve. La mer avait beau être calme, avec la vitesse, le bateau n'arrêtait pas de décoller pour mieux retomber se fracasser sur les vagues. Heu... c'est par où les toilettes ? Ah oui, c'est vrai, l'accès est bloqué !

Fortes de nos expériences fructueuses en matière de marchandage, on s'était lancées un nouveau défi plutôt ambitieux : arriver à Gili Trawangan sans avoir réservé d'hôtel en amont. Pendant la basse saison, c'est apparemment un bon moyen d'obtenir une chambre à prix cassé à Bali. Et si, tant qu'à faire, on visait un hôtel un peu plus haut de gamme ? Oui, c'était un défi plutôt ambitieux. D'autant qu'on avait omis un détail important : on n'était plus à Bali !
Nos sacs sur le dos, on a remonté la plage direction la rue principale et les cochers (comme, sur les îles Gili, les véhicules motorisés ne sont pas autorisés, les chauffeurs se déplacent en petites calèches jaunes casses-gueules). On a tenté d'expliquer notre mission (passer d'hôtel en hôtel repérés tant que le prix négocié ne nous convenait pas) au premier chauffeur qui nous a alpaguées mais, malgré sa réponse "Yes yes.", bizarrement, je le sentais pas. Hum... les filles, je crois pas qu'il maîtrise l'anglais du feu de Dieu ! Et ça n'a pas manqué : arrivés au premier hôtel, pas le temps pour l'une d'entre nous d'atteindre la réception que le chauffeur voulaient déjà prendre d'autres passagers. Du coup, la situation s'est corsée. Non non non, il ne nous emmènerait pas plus loin pour ce tarif et il n'attendrait pas non plus. Le réceptionniste est venu à la rescousse pour jouer les interprètes. Mais non, pas de négociation possible. Le chauffeur était campé sur ses positions. Ben écoute, si on n'obtient pas la prestation initialement négociée, tu n'auras pas l'intégralité de la somme convenue ! Bref, en plus d'être des blanches-riches, on a acquis le statut de chieuses... la situation rêvée pour attaquer les négociations !
On a traversé l'hôtel désert, visité l'une des nombreuses chambres libres et, de retour à la réception, enclenché le mode 'négociations'. Les tarifs proposés dépassant de loin le budget que l'on s'était fixées, on a remis nos sacs sur le dos et rebroussé chemin, à pied, sous une chaleur à crever. Plus on s'approchait de la zone restos-bars-boîtes, plus les tarifs des hôtels augmentaient. Ruisselantes et à bout de forces, on a fini par craquer et on est montées à bord d'un autre taxi-cocher direction le centre de l'île, où l'on avait repéré un hôtel beaucoup moins cher, avec une piscine, lui aussi.
Deuxième cocher, deuxième associable. Décidemment, Gili n'a rien à voir avec Bali ! Ici pas d'offrandes dans les rues, pas d'extrême gentillesse non plus. Bonjour la douche froide ! Personnellement, je n'avais qu'une envie : reprendre un bateau pour Bali ! Et puis, le taxi-cocher a pénétré à l'intérieur des terres et mon envie s'est amplifiée. Si l'allée principale regorge de magasins, écoles de plongée, restaurants, bars et boîtes de nuit, le centre de l'île est, à l'inverse, en friche. Il n'y a que des pseudo-chemins sablonneux, une végétation laissée à l'abandon et des maisonnettes comparables aux bidonvilles de São Paulo. L'inquiétude s'est emparée de nous. Mais dans quoi est-ce qu'on s'embarque là ???
Après un temps de transport inversement proportionnel à la distance parcourue (vu l'état des chemins et la non-résistance des calèches) et quelques cheveux blancs en plus, on est enfin arrivés au Trawangan Oasis. Et - soulagement ! - l'hôtel porte véritablement bien son nom. Situé au milieu d'un no man's land, il se compose de chambres spacieuses de plein pied construites autour d'une piscine et d'une végétation entretenue, de fleurs, d'arbres et de petits abris en bois ombragés avec hamacs. Le propriétaire australien a même accepté de baisser le prix déjà abordable de la chambre. Plus de peur que de mal : finalement, cet hôtel, c'est le pied !

Remise de notre ascenseur émotionnel de la matinée, on est parties à pied explorer le nord de l'île. On a choisi de rempoter nos estomacs dans un restaurant-cabanes sur pilotti où l'on a mangé assises sur des coussins à même le sol. Si l'état de la carte laissait envisager le pire (ascenseur émotionnel me revoilà !), mon sandwich BLT et mes frites étaient plutôt bonnes. Et c'est pas mon nouvel ami le chat qui dira le contraire ! Si, à Bali, il y a une population principalement canine, ici, à Gili T., il y a plein de chats (qui ont d'ailleurs très souvent la queue coupée... allez savoir pourquoi !?) Bref... quand le petit rouquin a commencé à roder autour de nos assiettes, Charline lui a donné une de mes frites. Ah ben il ne lui en fallait pas plus ! Monsieur a établi son QG sous mon assiette et me faisait les yeux doux à chaque bouchée. Chat potté, sors de ce corps !!

À côté du restaurant, il y a une plage avec des eaux peu profondes (et très chaudes !). Après une petite session trempette, pendant que Mélody et moi on bronzait sur nos serviettes-sarongs (le sarong est L'accessoire indispensable dans la région car il sert 1-de sarong, bien évidemment, 2-de serviette de plage, 3-de paréo), Charline, équipée de son masque-tuba, est partie à la recherche de L'attraction de la plage : les tortues. J'ai adoré son retour en courant, comme une petite fille émerveillée par l'expérience qu'elle venait de vivre : "Ti-pha-nie, Tiii-phaaa-niiieee !!! J'ai vuuu une tooortuuueee !!! (...) On est restées là à se regarder. (...) Et quand je suis partie, je lui ai dit au revoir !"

Si les îles Gilis sont réputées pour leurs couchers de soleil, nous, ce soir, au nord de l'île, on était bien. Du coup, depuis nos serviettes-sarongs, on a assisté au changement de couleurs des nuages au-dessus de nos têtes. Les tons rosés mélangés aux nuages blancs à gris foncés en provenance de Gili Meno où l'orage grondait et les éclairs fendaient le ciel, wahou ! C'était magnifique !

Le soir, après une bonne douche dessalante, on a enfourché nos vélos de location direction le "centre" (sud) de l'animation. Éclairées aux seules loupiotes de nos deux roues, au détour des pseudo-chemins sablonneux, on est tombées nez à nez avec un troupeau de vaches. Après les chats, puis les chèvres croisées en revenant de la plage, décidemment, Gili T. est un zoo à l'état sauvage !

Le Night Market, c'est LE lieu où manger des produits locaux pas chers tous les soirs. Sauf que, après avoir zigzagué entre les allées, vus les poissons exposés à l'air ambiant, même si on est loin des visions d'horreurs du marché de Singaraja, ça m'a retourné l'estomac. Le seul stand qui m'a tentée, c'est celui de gâteaux. Cakes, cupcakes, roulés : il y avait du choix. Pour moi, ce sera gâteau au chocolat et cake à la banane, s'il vous plaît.

Avant de rentrer, histoire de se donner des forces pour pédaler à travers les chemins sablonneux, on s'est octroyées une petite Bintang citron au Sama Sama, un bar reggae-rock réputé.

21 novembre 2015

Day 39: Determined to Fight, Determined to Dive

Il y a eu ce jeu qui a mal tourné où j'ai été forcée de tenir en apnée, la tête complètement immergée. 
Puis, il y a eu ce canoë qui s'est retourné et ce courant qui m'a aspirée sous le rocher.
Ces quelques secondes où la peur a paralysé chaque cellule de mon corps, avant que mon cerveau ne reprenne le contrôle et que je mobilise toutes mes forces pour pouvoir à nouveau respirer.
Il y a eu ces cauchemars qui sont venus me hanter et ce traumatisme qui ne m'a plus jamais quittée.

La plongée sous marine était probablement le plus grand défi que je m'étais fixée en venant à Bali. Un masque, des bouteilles et de l'eau. Beaucoup d'eau. J'avais peur d'échouer, mais j'étais déterminée. Je voulais essayer, je voulais y arriver.

Après un super bon petit-déjeuner thé-fruits-frais-pancake-à-la-banane servi sur notre terrasse, une navette nous a emmenées à Euro Dive, une école de plongée francophone. En chemin, nous avons récupéré d'autres français dont Alain, un retraité de l'enseignement en mini-tour du monde qui en était à son huitième baptême de plongée (heu... à terme, il faudrait peut-être envisager passer le niveau 1 du Padi Open Water, nan ?) et Félix, un jeune de 15 ans résidant à bord d'un voilier en Polynésie française qui trouve que "Oh, ben oui, à 15 ans, c'est normal !" de connaître les capitales de tous les pays d'Amérique latine (petite pensée pour mes anciens élèves qui, au même âge, confondaient Berlin et Dublin !). Et puis, une fois sur place, on a rencontré Antoine, le vrai moniteur de plongée francophone que je voulais.
Avant de passer aux choses sérieuses, Antoine nous a rassemblés autour d'une table pour TOUT nous expliquer (et, en français, qui plus est) : comment respirer avec des bouteilles d'oxygène, comment communiquer sous l'eau, comment déboucher ses oreilles en cas de pression trop forte, comment retirer l'eau potentiellement infiltrée dans notre masque, etc. Bref, rien à voir avec l'expérience pemuretanaise de Mélody et Charline ! Étape n°1 validée. J'étais rassurée.
Étape n°2 : il a fallu enfiler la tenue (et nettoyer le masque au... dentifrice !). À part quelques difficultés à remonter la plage de Lipah tel un mannequin sur un podium pendant la Fashion Week avec tout cet attirail super méga lourd, on peut le dire : mission accomplished.
Étape n°3 : c'est là que les choses se sont compliquées. Avant de s'enfoncer dans les profondeurs aquatiques, Antoine nous a fait faire quelques exercices. En entendant le bruit de ma respiration raisonner aussi fort dans mes oreilles, la panique a pris le dessus. Oh put***, monsieur Cerveau, aurais-tu l'amabilité d'enclencher le mode yoga - innnspiratiooon, exxxpiratiooon - sur le champs ? J'ai dit im-mé-dia-te-ment ! Hé ho, MONSIEUR CERVEAU !?! Heureusement, la détermination a fini par reprendre le contrôle de la situation.
Étape n°4 : les exercices finis, nous sommes partis explorer les eaux peu profondes de Lipah. Une fois concentrée sur les poissons et les coraux magnifiques, oubliés les problèmes de respiration. Bienvenue dans le monde de Némo ! J'étais en admiration.
Étape n°5 : c'est fou ce que ça creuse le monde marin ! De retour à l'école de plongée, Antoine nous avait préparé des biscuits à "grignoter". Personnellement, j'ai tout dégommé !
Étape n°6 : direction Tulamben cette fois. Si ma démarche palmes-surchage pondérale était déjà loin d'être sexy sur la plage de sable de Lipah, autant dire que face aux rochers de celle de Tulamben, il valait mieux espérer que les beaux gosses potentiels aient de gros problèmes de vue ! Sur conseils d'Antoine, la plage, on l'a même traversée à deux, Charline et moi, en mode canard-boiteux-siamois. Une fois le parcours du combattant rocailleux traversé, j'ai remis la tête sous l'eau beaucoup plus facilement. L'attraction de Tulamben, c'est l'épave échouée à quelques mètres du bord. Vue la quantité de coraux colorés à s'être installés dessus, il faut redoubler d'imagination pour voir que, oui, c'est bien un bateau. Là aussi il y a plein de poissons, partout. Une colonie d'anguilles qui sortent la tête du sable aussi, et même un barracuda énorme avec une dentition digne d'un requin blanc (finalement, à côté de lui, même dans cet accoutrement, j'avais un certain charme). Concentrée sur mes photos de poissons, j'en ai oublié ma respiration et la pression. Impossible de déboucher mon oreille, la panique est revenue. À plusieurs mètres sous l'eau, mon cerveau a lutté de toutes ses forces pour reprendre le dessus, en vain. Je suis remontée aussi vite que possible inspirer une grande bouffée d'air frais. Antoine aussi. Pour vérifier comment j'allais. En replongeant, il a attrapé mon gilet, ma seule mission était de combattre la pression. Cette fois, peut-être aussi parce qu'on est descendus plus vite, mes deux oreilles se sont alliées contre moi. Impossible de les déboucher, j'ai arrêté de lutter. Pendant que les autres continuaient d'explorer l'épave, sur les conseils d'Antoine, j'ai tenté le snorkeling avec des bouteilles sur le dos et un courant très dérivant. Autant dire que, oui, j'ai galéré pour rejoindre le bord.
Étape n°7 : à taaaable ! Pfiouuu, c'est vraiment fou comme ça creuse la plongée ! On a mangé tous ensemble à Wayan's Warung, un petit restaurant où Antoine a ses habitudes. Dans mon assiette : des croquettes de poisson (une première à Bali). Dans mon verre : une bintang citron. Et, au plafond : trois geckos, qui n'avaient rien à envier à Bobby : ni la taille, ni la couleur. On a même eu droit à un petit spectacle de l'autre côté de la rue où un balinais s'occupait de son coq. Une graine, une caresse, une graine, une caresse... Pauvre bête ! Si seulement il savait la fin qui l'attendait...
Étape n°8 : de retour dans la navette, j'ai repensé au défi que je venais de surmonter. Certes, mes oreilles ne m'ont pas permis de rester sous l'eau les 10 dernières minutes, mais... holy fucking shit, mes bouteilles, mon détendeur et moi on a réussi ! J'AI FAIT DE LA PLONGÉE SOUS MARINE !!!

En fin d'après-midi, on est parties en quête de billets pour les bateaux à destination des îles Gili. Après un passage furtif dans une agence proposant des tarifs pas du tout intéressants, on est retournées chez les potes de "Benji". 800,000 IDR (54€) par personne en basse saison : eux aussi, en nous voyant, ils ont pensé blanches-donc-riches. Pas de chance pour eux, en une semaine, on est devenues des requins de la négociation. AU bout de looongues minutes de parlementation acharnée, on a réussi l'impensable : obtenir nos billets pour 566,000 IDR (38€) chacune, soit 16€ de moins que le meilleur prix négocié la veille. Ouuu yeaaah !

Complètement explosées par l'intensité de la journée, on a utilisé nos dernières forces pour manger un mie goreng au Café Garam, un restaurant à proximité de notre maison d'hôtes. Un groupe de musiciens-chanteurs-danseurs-traditionnels étaient en train de se produire quand on est arrivées. J'étais tellement épuisée que je n'ai même pas eu la force de me lever quand l'un d'entre eux est venu me chercher pour danser. 
Oh, Morphée ! Ça va ? Dis, tu me prêtes tes bras ?

20 novembre 2015

Day 38: Cultural Gaps

J'ai longtemps hésité, pesé le pour et le contre, puis est venu le moment de me remémorer la douleur que j'ai ressentie en grimpant le "mont de la torture" et... j'ai cédé au confort matelassé. Le réveil en pleine nuit et les courbatures, je les ai laissés aux filles, moi, j'ai opté pour mon lit.

Après un petit déj' au top pour (re)prendre des forces, direction les sources (très trop) chaudes naturelles de Toya Bungkah, au bord du Lac Batur, où on a eu droit à un accueil jus de pastèque-bananes fries. Décidément, ils savent parler à notre estomac dans la région !
À notre arrivée, on avait limite le bassin pour nous. En mode sources-chaudes-privatives. Et puis, de jeunes couples indonésiens sont arrivés et là, l'impression d'être nue comme un vers est venue me frapper. Les Indonésiennes ne se la jouent pas bikini-party. Ici, si bikini il y a, il est caché sous le duo débardeur-short. Du coup, oui, à côté, moi, ma poitrine généreuse et mes hanches de femme, dans notre maillot de bain deux pièces, on se sentait quelque peu dénudées...

"Benji", notre nouveau chauffeur est arrivé avec bien 30 minutes d'avance. Heu... nous, ces 30 minutes, on avait justement prévu de les consacrer à marchander... C'est balo ! Au premier abord, il était super gentil, partant pour s'arrêter où/quand on voulait, il n'y avait qu'à demander. Hum... "Vous connaissez une plantation de café ?" Oui... évidemment.

Histoire de ne pas réitérer notre expérience désastreuse, avant d'arriver sur la plantation de café, j'ai volontairement raconté à "Benji" notre mésaventure, en insistant bien sur ce qui nous avait dérangées, à commencer par le manque d'explications et la froideur de notre guide. Et, ça a plutôt bien fonctionné ! Des explications, on en voulait, on en a eu. Du coup, une fois dans le magasin, même si on sait parfaitement que les produits sont beaucoup plus chers que dans un supermarché, on a joué le jeu. Sans oublier de demander une petite réduc', of course ! Le monsieur rigolo a bien tenté une petite vanne pour détourner la question, mais c'était sans compter sur notre acharnement. Pas de chance pour vous les loulous, les petites Frenchies sont devenues des requins de la négociation.

On a repris la route, on s'est arrêtés sur le bas-côté entre deux conversations pour prendre en photos un temple joliment décoré, puis, plus loin, des rizières. En remontant dans la voiture, la conversation a repris. Mélody a expliqué à "Benji" qu'en France il n'y a rien d'anormal à ne pas être mariée à 30 ans, qu'avant de se faire passer la bague au doigt on vit souvent d'autres relations, plus ou moins intenses, plus ou moins durables. Si l'ouverture d'esprit est une qualité répandue à Bali, vu la modification de conduite survenue post-conversation, je dirais que "Benji" n'en est pas doté. Finis les arrêts où-vous-voulez-quand-vous-voulez, finies les conversations culturelles, il n'avait qu'une idée en tête : arriver au plus vite à Amed. Heu... si je peux me permettre, tu ne seras jamais de retour à la maison à l'heure que tu t'étais fixée car, au-delà du nombre de kilomètres beaucoup trop important à parcourir dans ce laps de temps, avec ce type de conduite, TU NE RENTRERAS JA-MAIS À LA MAISON !!! Vivant, du moins.
Une fois à Amed (saines et sauves !), avant même de partir à la recherche de notre maison d'hôtes, "Benji" nous a déposées devant une agence de bateaux pour les îles Gili, notre prochaine destination. Ben ça alors, tout d'un coup, notre chauffeur avait du temps à nous accorder ! Si les arrêts photos des magnifiques rizières qu'on a traversées en fin de route je les ai eu dans le c**, autant te dire que ta commission, tu peux de la mettre bien profond ! (violence à mettre sur le compte des deux heures de stress intense en mode on-va-tous-mourir-!) On voulait juste se renseigner sur les tarifs, on a tenu bon. 
De retour dans la voiture, impossible de trouver la maison d'hôtes. Après avoir longé l'unique route en long, en large et en travers, on s'est résignés à demander. Avec les locaux, ça n'a rien donné. Et vos potes de l'agence ? Surtout pas ! Conséquence d'une autre valeur balinaise : la fierté. Comme on n'avait pas acheté notre traversée, "Benji" ne remettrait pas les pieds dans la boutique. Sauf si - proposition de "Benji" (!) - les tickets, on les prenait. Pardon ??? Je pensais que l'expression fermée de mon visage était claire : TA COM-MIS-SION... STOOOP ! On prend une grande inspiration... hmmm... on bloque... et on expire profondément... fouuuu...

Une fois remise de nos émotions, on a rejoint Peggy et Hugo (le couple montpelliérain rencontré à Pemuteran avec qui on risque de devoir financer un temple si les dieux se mettent à parler) pour dîner à Warung Amsha, un petit resto tout nouveau, les pieds dans le sable. Par anticipation, j'ai badigeonné (le mot est faible !) mes bras d'huile essentielle de citronnelle... mauvaise, TRÈS mauvaise idée, qui m'a valu d'être charriée toute la soirée !!!
Le propriétaire nous a offert de l'arak en fin de repas. "Oh, un verre pour cinq, ça ira." Pardon, un verre pour six... le sable a eu droit à sa dose, lui aussi. Mais heu-reu-se-ment qu'on n'en a pas pris un chacun. L'arak est un alcool très fort, qui monte facilement au cerveau. D'où l'absorption de la fin du verre par le sable. Un retour sans tituber aurait été particulièrement compliqué si nous n'avions pas invité ce dernier à se joindre à nos festivités !

19 novembre 2015

Day 37: The Multi-Stop Day

Ketut, notre chauffeur-de-taxi-trouveur-d'-hôtel-/-restaurant a passé les deux dernières nuits chez son frère, à côté de l'hôtel, pour pouvoir nous conduire jusqu'au Mont Batur aujourd'hui. Quand on voit le chemin à parcourir à la journée, pauvre Ketut, il doit vraiment être financièrement désespéré ! 
Une fois les valises dans la voiture, on était au taquet pour la journée-multi-arrêts.

Étape n°1 : Pemuteran et ses plages de sable noir
Si la plage en elle-même n'avait rien d'exceptionnel, on a tout de même eu l'honneur d'être accueillis en grandes pompes par un papy-babouin et on a pu assister à la baignade matinale et aux jeux aquatiques quelque peu éclaboussants de sa tribu au loin.
De l'autre côté de la route, il y avait un temple grillagé. Bizarre... et puis, en voyant deux trois membres de la tribu traverser la route, on a compris : c'est bien connu, ici, les singes sont des voleurs. Alors, pour protéger les offrandes destinées aux dieux, il semblerait que LA solution adoptée par les Balinais ait été de les emprisonner !

Étape n°2 : Lovina et ses dauphins
Comme le rappelle la statue en bord de plage, Lovina est une petite ville balnéaire réputée pour ses dauphins. Sauf que, sans escapade maritime, impossible d'en apercevoir à l'horizon. À défaut, on a fait un petit tour dans les buis-buis où l'on est tombées sur les débardeurs Bintang que l'on cherchait. 
"C'est combien ?"
"Pas cher. Pas cher."
"C'est-à-dire ?"
"120 IDR." (l'un)
[petit temps de réflexion-conversion-percutage qu'on allait se faire plumer en beauté.]
"Aaaah, ça va pas être possible !!!"
On aura tenu bon, jusqu'à tenter la méthode imparable du non-c'-est-trop-cher-je-m'-en-vais mais, au final, on aura réussi. La vendeuse-alpagapeuse nous a même couru après dans la rue. Réussir à diviser le prix de vente-arnaque d'un article par quatre, c'est plutôt pas mal pour booster son ego. Ouuu yeaaaah !

Étape n°3 : Singaraja et ses expériences alimentaires déroutantes
Comme Singaraja a été la capitale de Bali, on s'attentait à trouver des décors de l'époque coloniale néerlandaise, surtout dans le restaurant recommandé par le Lonely Planet. S'il a été décoré dans le style coloniale il fut un temps, ses murs sont aujourd'hui blancs et totalement vides. Aucune décoration à l'horizon. Bonjour la déception ! La clientèle étant (vue les personnes assises autour de nous) surtout composée de locaux, la carte n'était pas traduite. Et comme, nous, l'indonésien, on maîtrise moyen, pour la comprendre, on a appelé le serveur à la rescousse. Une fois l'assiette sous nos yeux, il a fallu faire preuve d'auto-persuasion pour oublier la vision d'horreur de Mélody qui, de retour des toilettes, a assisté à la découpe de la viande dans des conditions d'hygiène plutôt... inexistantes ! À même le sol, au milieu des mouches volantes.
Mon estomac et mes intestins sont costaux. Je ne risque pas d'intoxication.
Histoire de contrer cette expérience un peu décevante, on a voulu visiter le marché. Si les premiers étalages d'épices et de fruits nous ont mises en confiance, derrière, on a déchanté... comme quoi, la vision d'horreur de Mélody n'était pas si terrible, finalement ! À l'arrière du marché, on a découvert une maman-chat et ses bébés dans un état de maigreur à faire peur. Et, plus on avançait, plus ça nous dégoûtait : les poissons, sans glace pour les maintenir au frais, grillaient au soleil (ici, pas de risque de briser la chaîne du froid, le concept n'existe pas !), les volailles, la tête en moins, gisaient à même la table, entourées de mouches et, à l'étage, on a trouvé un rat au milieu des pommes. Oui oui, un RAT !!! Notre résistance visuelle ayant été mise à rude épreuve, nous étions d'accord sur un point : ON S'EN VA !
Encore sous le choc du non respect des règles d'hygiène alimentaire, on s'est arrêtées dans une banque pour retirer des roupies. Beaucoup de roupies (histoire de limiter les frais bancaires). Sauf qu'en sortant, surprise : des policiers, un cameraman et un journaliste nous ont alpaguées. Oh pu-t*** ! Oh pu-t*** ! Oh pu-t*** ! Quand on sait que, à Bali, la police quadruple son salaire arrondit ses fins de mois en arrêtant les étrangers, notamment sur la route, mon coeur s'est soudainement mis en mode tachycardie. Alors, quand ils nous ont demandé ce que l'on pensait de la police indonésienne et notre itinéraire, mon cerveau à enclenché le bouton moulin-à-paroles. Ça sentait tellement la vidéo de propagande à 15000 km à la ronde ! Au final, plus de peur que de mal, on est reparties avec tous nos billets.

Étape n°4 : Maduwe Karang et son guide un peu trop demandeur
Alors qu'on se croyait sorties d'affaire question parlementation financière, après les vendeurs-alpagueurs-arnaqueurs, un nouveau défi nous attendait : les guides-particulièrement-slash-subtilement-demandeurs ! 
Si les temples très touristiques ont des tarifs d'entrée fixes, les petits temples fonctionnent souvent grâce aux donations. Donations qui donnent lieu à de grands moments je-donne-combien-? de solitudes car on ne veut pas trop donner d'un coup (parce que 1-contrairement aux idées reçues, nous - les touristes au visage pâle - ne disposons pas d'un coffre-fort rempli de lingots d'or, 2-on anticipe la possibilité, fort probable, que d'autres donations soient exigées fortement appréciées en cours de visite), mais on ne veut pas non plus passer pour une pince (d'autant que la somme est reportée sur un cahier des registres juste à côté de notre nom).
Passé cet instant psychologiquement éreintant, la visite a (pourtant) bien commencé. On avait le guide pour nous ; guide qui, en plus de nous proposer de nous prendre en photo devant le temple, nous a confectionné à chacune une petite décoration capillaire réalisée à partir de deux fleurs de frangipanier. Au fur et à mesure de la visite, il nous parlait de plus en plus de lui. Comme il a grandi sur place, il n'y avait, à priori, rien de suspect. Et puis, il a dérivé sur son problème oculaire et le médecin-touriste-occidental(-riche ?) qui lui a offert un traitement. Ok, pourquoi pas. Sauf qu'il est revenu sur le sujet, subtilement, certes, mais de façon déjà trop insistante pour me mettre la puce à l'oreille. Et ça n'a pas manqué : ce que le guide voulait, en fait, c'est qu'on lui donne de l'argent pour pouvoir renouveler son fameux traitement. Arrrrg...
"Chère population balinaise, je te serais gré de cesser dès à présent de me prendre pour une bourge pleine aux as, moi qui ai renoncé à mon petit salaire de formatrice à mi-temps pour faire du bénévolat et ainsi dépenser, ne serait-ce que pour subvenir à mes besoins vitaux, le peu d'économies qu'il me reste. Avec tout mon ras-le-bol respect.. T."

Étape 5 : Mont Batur
Comme, lorsque je me suis lancée dans l'ascension du "mont de la torture" quelques semaines plus tôt, j'ai fait la route aller de nuit et que j'étais tellement épuisée que je me suis écroulée comme une masse au retour,. je ne l'avais jamais vu de loin, trônant au bord du lac du même nom. Alors, histoire d'immortaliser la scène, j'ai demandé à Ketut de nous prendre en photo toutes les trois. Avec le Mont Batur en arrière plan, il en allait de soi. Enfin, pas pour tout le monde apparemment. Du coup, après trois tentatives carrément infructueuses et un bon fou rire (Ketut, qui rigole super facilement, a un rire trèèès communicatif), j'ai enclenché le plan B : tendre mon appareil à un autre touriste et mettre Ketut, avec nous ET la montagne (!), sur la photo.

Étape n°6 : Songan et le Mapa Lake View Homestay
Et puis, le moment est venu de dire au revoir à Ketut. Il nous a déposées devant notre maison d'hôtes, loin du bruit des voitures et de la foule, avec vue sur les montagnes et le lac, et même un petit abris-temple pour déguster notre jus de banane d'accueil. 
Le soir, après avoir profité de la vue depuis notre terrasse et négocié avec beaucoup (beaucoup !) d'acharnement les tarifs proposés pour escalader le mont de la torture, on a mangé sur place du poisson pêché dans le lac et cuit au barbecue par le propriétaire.
À 22h, toutes nos lumières étaient éteintes. Demain, une looongue journée attendait les filles.

18 novembre 2015

Day 36: Defying the Rules

"Les règles sont faites pour être transgressées." - Dalaï Lama

Menjangan Island est une île près de Pemuteran réputée pour la plongée. Comme, à Bali, ils connaissent tous quelqu'un qui connaît quelqu'un qui etc., en plus d'un hôtel, Ketut, notre chauffeur de la veille, nous a aussi trouvé un centre de plongée.
Pendant que mon masque, mon tuba et moi on admirait le monde marin depuis la surface de l'eau (le dos particulièrement bien exposé aux rayons de soleil !), Mélody et Charline ont opté pour la plongée sous-marine. Si, de mon côté, je me suis contentée d'en prendre plein la vue au milieu de tous ces magnifiques coraux et poissons colorés, les filles ont, quant à ET malgré elles, également pris... de gros risques !
Au palmarès du non-respect des consignes élémentaires de sécurité en matière de plongée, j'ai nommé :
1. La non-vérification du niveau 1 de PADI open water de Mélody. Elle n'avait pas sa carte sur elle. No problem! 
2. La non-réexplication des règles de sécurité subaquatiques. Après tout, comme je le disais, Mélody avait déjà son niveau 1 et Charline en était à son troisième baptême. Pourquoi s'emmerder ?
3. La non-pratique des exercices gestuels fondamentaux. C'est pas comme si savoir évacuer l'eau infiltrée dans son masque ou maîtriser la manoeuvre de Valsalva (utilisée pour se déboucher les oreilles) était primordial !
4. La présence d'un unique moniteur pour les deux filles, qui n'ont pourtant pas le même niveau et donc pas le droit de descendre à la même profondeur.
5. L'exploration des profondeurs aquatiques en solo de Mélody, descendue beaucoup plus bas que le moniteur-pas-d'-inquiétude-à-avoir.
6. La non-réactivité du dit-moniteur face aux gestes de Charline tentant de lui expliquer que la pression dans ses oreilles n'était pas de tout confort.
Et alors, last but not least :
7. La descente à des profondeurs biiien plus importantes que ce que le PADI n'autorise. Pourquoi se contenter de 10 mètres pour un baptême et 20 mètres pour un niveau 1 quand on peut franchir des paliers supplémentaires ? Après tout, 25 et 35 mètres, à échelle maritime, c'est pas si profond !? 
On à tendance à l'oublier mais, à Bali, les règles sont souvent "en option". Résultat : mes petits poumons merdiques, ma claustrophobie et moi, on a pris une grande décision : à Amed, on veut un : 
a. vrai 
b. moniteur de plongée 
c. francophone.

Notre matinée riche en émotions a aussi été marquée par la rencontre de Peggy et Hugo, un couple montpelliérain avec qui on a bien sympathisé. Du coup, après avoir commencé la journée sous l'eau, on a décidé de la terminer en hauteur. Ah oui mais, prendre un apéro dans un cadre insolite (à l'entrée d'un temple), ça se mérite. Pour pouvoir déguster nos petites Bintangs citronnées, il a fallu gravir les quelques nombreuses marches non conçues pour économiser notre dépense énergétique, le tout sous la fameuse chaleur humide balinaise qui a annulé en deux temps trois mouvements absolument tous les bienfaits de la douche que l'on venait de prendre. Mais, une fois en haut, oubliés les problèmes de respiration et de transpiration, OUUUAOUUUH... la vue, le coucher du soleil, les couleurs, tout ! Rien n'aurait pu entacher notre apéro... à part peut-être l'oubli d'un décapsuleur. Oups ! Oh ben, à défaut d'avoir un cerveau, on avait Hugo. Hugo et ses idées farfelues. Sa solution ? (particulièrement efficace, soit dit en passant) Rentabiliser les piliers en bois de l'abri situé à l'entrée du temple !! Quand on sait qu'à Bali, qui souille un temple doit assurer le financement d'un nouveau lieu de prière, je me dis qu'on a eu de la chance de n'avoir été espionnés par aucune autorité ! 

Après l'effort, le réconfort. Car, en plus de la Bintang et les chips, mon estomac a eu droit à de bons jus de fruits frais et du poisson (mahi-mahi et barracuda). Chez Joe 70's, pas de transgression, mais un énorme fou rire. Il semblerait que la notion de circulation d'énergie ne soit pas concevable pour tout le monde...

Il paraît que les règles sont faites pour être transgressées. Well, que l'on soit d'accord ou non avec cette affirmation, une chose est sure : aujourd'hui, elles sont loin d'avoir été respectées.

17 novembre 2015

Day 35: A Rollercoaster of Emotions

"Tiph, approche pas, y a un gros serpent dans la boîte." OH. MY. GOD. Un... QUOI ??? P***** de b***** à c** de m**** !!!
Les dieux ayant cessé de se déchaîner, nous avons rebroussé chemin pour visiter le fameux temple Ulun Danu Beratan sans être trempées de la tête aux pieds. Sur le trajet, on s'est arrêtées à Bedugul, une station d'altitude avec une très belle vue surplombant les lacs Buyan et Tamblingan, pour prendre en photo la vue. Enfin, la vue, l'énorme iguane, les chauves-souris taille XXL et l'énormissime... serpent ! 
Piège à touristes particulièrement bien rodé, auquel Mélody et Charline n'ont pas pu résister, pour la modique somme de 30,000 IDR (soit la moitié du prix du taxi Penestanan-Ubud de nuit, chargées comme des mules, que l'on n'aura finalement jamais pris !), j'ai nommé la photo avec de grosses bébêtes dans les bras. L'iguane pour Mélody, l'une des deux chauves-souris pour Charline. Et moi, derrière l'appareil photo, en mode paparazzi, à tenter de capturer leurs sourires pas très rassurés. Est ensuite venu le moment où le propriétaire-animalier-piégeur-à-touristes a ouvert la boîte en bois posée à côté et où moi, j'aurais fortement apprécié pouvoir me téléporter loin, trèèès loin... ! Un "gros" serpent ??? Nan mais, là, c'était carrément un monstre ! Transgénique le truc ! Un dragon constricteur !!! J'ose même pas imaginer le nombre de touristes petites souris blanches innocentes qu'il doit engloutir à la journée. La femme forte et combattante que je suis a bien fait de refiler son appareil photo au propriétaire-piégeur et de battre en retraite avant l'ouverture de la boîte ! (quoi ? une femme faible se serait réfugiée dans la voiture qu'elle aurait verrouillée... action imparable pour se protéger d'un boa, c'est bien connu !)

Remise de mes émotions, j'étais au taquet pour visiter Ulun Danu Beratan, l'un des temples les plus réputés de Bali, t-shirt et sarong à portée de mains. Sauf que, les nombreux balinais venus pour la cérémonie mis à part, on était les seules à avoir tenu compte des coutumes vestimentaires de rigueur. Dans un pays qui respecte autant les traditions, surtout en matière de religion, ça m'a surprise que personne ne reprenne les touristes en mini-short / débardeur. Heu... du coup, la tolérance des dieux en matière de vêtements s'étend-elle à la règle n°2 ? (celle qui refuse l'accès aux femmes en période de menstruation dans l'enceinte d'un temple) Car, si la nature a été clémente en envers moi jusqu'à présent, sur ce coup-là, à moi le débat intérieur intensif j'-y-vai-ou-j'-y-vais-pas-? Et si, contrairement aux autres touristes, je mets mon sarong, ça s'équilibre, nan ? Après tout, 1-personne ne viendra vérifier si je suis en règle (on admire le jeu de mots !), 2-on sera au moins deux à subir la colère des dieux.
Avec tant de distinction vestimentaire, notre tentative de fonte dans la masse a été un échec total, à tel point que les filles se sont fait alpaguer par des Indonésiens qui tenaient absolument à être pris en photo à leurs côtés. Il faut dire que les blanches-blondes, ça court pas les rues par ici !

Étape suivante : les cascades de Munduk Où l'on a emmené Ketut, notre nouveau chauffeur (Ketut étant le prénom du quatrième enfant de la famille dans la tradition balinaise).
Si le trajet aller, tout en descente, au milieu des arbres, est plutôt sympathique, le retour tout en montée, lui, a bien failli nous dépourvoir de chauffeur. Pauvre Ketut ! On sentait bien que les randonnées ne font pas partie de son quotidien. Mais il a tenu bon. Son arme de combat infaillible : son rire super communicatif. À défaut d'aplanir la surface terrestre, ça aura au moins eu le mérite de détourner notre attention de l'effort demandé.

À l'heure du déjeuner, les dieux se sont remis à pleurer. Heu... et si on en profitait pour rempoter notre estomac ? Ketut (qui a préféré rester dans la voiture pour s'octroyer une petite sieste bien méritée) nous a recommandé Kanang Sari. Et quelle recommandation ! Au calme, en extérieur, abritées sous une tonnelle en bois, avec une vue magnifique sur la végétation exotique mouillée, un jus de fruits frais, un curry de poulet, un dessert... hum, le dessert !

Il y a des routes ennuyeuses où la seule option pour passer le temps est de dormir. Et puis, il y a la route de Munduk à Pemuteran. Les nombreux péages de donations des rizières de Jatiluwih et Tegalalang peuvent aller se rhabiller. Nous, on en a pris plein la vue, gratuitement. Des rizières remplies d'eau et de petites tiges vertes fraîchement plantées en bord de route, des vallées immenses en escaliers, le soleil brillant et... nous. Aucun touriste. Juste nous. Nous et les étoiles dans nos yeux.

En arrivant à Pemuteran, on pensait avoir atteint notre quota-émotions de la journée. Mais, que nenni. Bali nous réservait encore quelques surprises.
Quand Ketut s'est embarqué dans un petit chemin de brousse pour atteindre la maison d'hôtes que les filles avaient réservée, elles ont déchanté. De tous les hébergements qu'elles avaient regardés, ce n'était pas celui sur lequel elles avaient flashé. Ici pas de piscine ou de mer à proximité, le lieu était quelque peu pommé. Les deux gérants, eux, par contre, étaient bien là, à attendre leurs potentielles trois seules clientes des deux nuits à venir. Comment leur expliquer qu'on s'était trompées sans les blesser ? Ce fut un moment fortement embarrassant où l'on a dû passer pour des blanches riches et capricieuses, en quête de luxe extrême : une piscine. Des blanches riches et capricieuses, SDF pour les deux nuits à venir et sans connexion internet pour remédier à cette situation.
Ah oui, mais c'était sans compter sur Ketut qui n'a pas hésité à nous parler de l'hôtel construit à côté du compound de son frère, sur le terrain de sa grand-mère. Mais dans quoi on s'embarque là ? Et surtout à quel prix ? On a franchi les portes d'un hôtel avec piscine et vue sur les montagnes, aux chambres spacieuses et... désert ! Ce qui a fortement joué à notre avantage pour entamer les négociations et s'en sortir à moins de 10€ la nuit. Ouuu yeaaah ! Et, en prime, on a eu droit à un cocktail d'accueil de fruits frais que l'on a dégusté... dans la piscine !
"Oh putain, les filles : y a un cafard dans la salle de bain !"
Oui, bon, apparemment, le confort, ça se mérite : pour en bénéficier, il semblerait qu'il faille lutter de manière particulièrement acharnée, en combat très loyal (à trois contre un), pour se débarrasser d'un envahisseur indésiré (surtout dans nos valises !), sans en faire de la chair à pâté. Bon, en toute honnêteté, la mission n'a pas été entièrement accomplie. Je ne suis pas certaine de l'état intact de monsieur-le-cafard lorsqu'il a atteint la porte d'entrée... le bruit de craquement sous le tabouret était quelque peu suspect. Pour notre défense, il faut avouer qu'il a sa part de responsabilité aussi : pourquoi ne s'est-il pas tranquillement laissé conduire vers la sortie ???

Quand on est arrivées chez le frère de Ketut pour le dîner (sur invitation de Ketut), il était déjà 21h. Qu'importe l'heure tardive, ils nous ont accueillies comme des reines et nous on servi un nasi campur (plusieurs viandes accompagnées de riz) et un thé glacé au citron pour 25,000 IDR, soit le prix de la boisson seule dans les restaurants ! (1,50€)

Pfiouuu... que d'émotions !!! Hum... et si on allait se couch... ZzzZzzz ?

16 novembre 2015

Day 34: Once Not Twice

Vivre à Ubud sans tester la Yoga Barn n'était pas envisageable. Alors, à 6h du matin, on a enfilé nos leggings et, à jeun, la bouteille d'eau en mains, on a pris la direction de la célèbre école de yoga. Après avoir un peu galéré pour la trouver (heureusement que les locaux étaient là pour nous aider), on est entrées dans le temple des yogis. Des boutiques vendant des vêtements amples et élastiques, des tapis de yoga, des livres sur le bien-être, des kiosques proposant des boissons et des snacks sains et bio, des salles de cours entièrement ouvertes sur l'extérieur, le tout loin, très loin, du trafic intensif et des coups de klaxons de la ville.
Oui mais, voilà : la célébrité a un prix. Un prix qui nous a valu de suivre le cours depuis le fond de la salle serrées comme des sardines au milieu des 60 autres personnes venues assister au cours ce jour-là, près de la baffle nous empêchant d'entendre correctement les indications de la prof qui ne portait pas de micro, à tenir très longtemps dans chaque position. Moi qui ai passé trois semaines en mode on-refait-plusieurs-fois-le-même-enchaînement, j'ai eu l'impression d'assister à un cours de torture musculaire. Heureusement que j'ai débuté le yoga à Intuitive Flow parce qu'après un cours comme ça, je n'aurais peut-être jamais eu envie de revenir.

Après un bon petit déjeuner et un détour par le marché d'Ubud, nous avons rejoint notre chauffeur "chambérien", direction Munduk. En chemin, on s'est arrêtés à Tegal Sari, une plantation de café. Pour rejoindre la terrasse de dégustation, on a traversé une allée bordée d'un arbre de chaque espèce. On s'attendait à apprendre plein de choses sur les plantations, la récolte, etc. (moi qui ai corrigé les mémoires de mes apprentis pâtissiers, je suis bien placée pour savoir qu'il y en a des choses à dire sur la vanille et la fève de cacao) Oui mais nan. La bonne femme s'est contentée d'un "C'est un cacaoyer... C'est un vanillier..." Et pendant la dégustation, rien. Pas même un "Qu'est-ce que vous préférez ?" Autant dire qu'on a été déçues, tellement qu'une fois dans la boutique, on n'a rien acheté. Quand elle a compris que c'était peine perdue, elle est remontée voir le chauffeur qui, bizarrement, faisait du boudin quand on a repris la route. Ben oui, car qui dit zéro achat, dit zéro gain, dit zéro commission. Il est beau l'envers du décor du commerce balinais !

Comme tenter par tous les moyens de relancer une conversation, ça creuse, on a fait un arrêt-repas à Uma Luang Sari, un restaurant-buffet en bord de route. Si la nourriture était loin de casser des briques, la vue sur les terrasses de riz, elle, était magnifique ! 

En se rapprochant de Munduk, on a eu droit à une bonne grosse averse. C'est donc ça la saison des pluies ?!! Bon, ben, le temple Ulun Danu Beratan et le lac attendront. Toute cette eau et cette chute de températures, moi, ça m'a donné envie d'enfiler un pull et boire un truc bien chaud. Et ça tombait bien car, à notre arrivée à l'auberge de jeunesse Dangin Mangkalan, après avoir raclé l'eau devant notre porte de chambre, les propriétaires nous ont apporté des biscuits et du thé que l'on a dégustés sur notre terrasse, les yeux rivés sur les montagnes.

Une fois nos shorts-T-shirts troqués contre des pantalons-pulls, on est parties explorer le village... enfin, la route bordée de quelques maisonnettes sur 100 mètres qui constitue le village. Ici, il y a très peu de touristes, pas de vendeurs pour nous alpaguer ou de chauffeurs pour nous crier "Taxi ? Taxi ?". Pas de cheveux trempés ou de gouttes de sueurs pour ruisseler le long de mon dos. Pas d'air pollué non plus. Ici, il y a les montagnes. Les montagnes et...

"Ce soir, il y a un combat de coqs dans le village, si vous voulez."
"Ah ouai, trop bien !!! On y va ?"
Heu... Charline... Des spectateurs qui parient. Des éleveurs qui excitent leurs bêtes. Des coqs, une grande lame pointue accrochée à la patte, qui s'entretuent. Pourquoi tant d'engouement ?
Même si elle n'est apparemment plus tout à fait légale aujourd'hui, la tradition persiste dans les villages sur toute l'île de Bali.
Les combats ont commencé avec environ 2h de retard sur l'heure annoncée, 2h pendant lesquelles on a découvert la déchetterie (ou plutôt la montagne de déchets à ciel ouvert dans laquelle les chiens errants viennent se nourrir) de Munduk - ce qui est assez surprenant pour une culture autant en communion avec la nature - et on s'est fait dévisager bien comme il faut par les hommes... tous les hommes... rien que des hommes... de tous âges, présents ce soir-là. En même temps, trois jeunes femmes blanches au milieu d'une cinquantaine d'hommes à la peau mate, faut avouer que ça passe difficilement inaperçu ! Mais qui a eu cette idée folle de vouloir assister à un combat de coqs ???
Vue la taille de la lame, les combats vont très vite. Et comme elle s'enfonce profondément, le sang ne gicle pas façon Kill Bill. Par contre, l'évisceration du coq perdant mais encore vivant, ça m'a carrément pas bottée ! Après deux combats, on est parties. Je voulais voir ce que c'était. J'ai vu. Aujourd'hui, d'expérience, je peux l'affirmer : les combats de coqs, ça n'est pas fait pour moi !

À 21h, dans la rue-village de Munduk, il n'y avait rien d'ouvert à part un tout petit buibui où on a commandé sans trop savoir ce qu'on allait manger. En l'occurrence, des épices piquantes. Beaucoup d'épices piquantes. Aaaaah... rendez-moi ma bouuuche !!!

15 novembre 2015

Day 33: Lose Control, Relax and Enjoy

Après quatre semaines de petits déjeuners façon lunchboxes, autant dire que la salade de fruits fraîchement découpés et le pancake à la banane présenté sous un couvercle de paille joliment tressé sont super bien passés ! Le tout servi sur la table devant notre chambre avec vue sur la piscine et son de l'eau coulant de la fontaine en plus. Le pied !

Pour arriver à l'heure au spa, il nous fallait un taxi (interdiction de faire comme la veille... nos tendances Picsou ont leurs limites, tout de même !). Ça tombait bien, la propriétaire de notre maison d'hôtes en connaissait justement un. Ses compétences linguistiques anglaises étant limitées, elle nous a fait attendre dans un coin sans plus d'explications avant de chevaucher son scooter et nous laisser en plan. Heu... 10 minutes plus tard, la voilà de retour (enfin !), mais toujours aucune trace du chauffeur. On était en train d'expliquer à madame qu'on ne pouvait pas attendre qu'"il arrive, il arrive" indéfiniment (on était déjà très en retard), qu'on allait alpaguer un autre taxi quand il (son mari) a enfin débarqué. Ni une, ni deux, on a sauté dans la voiture et commencé à discuter. Et, tout un coup, quand il nous a demandé d'où on venait, la conversation a pris une tournure surréaliste :
"Une petite ville dans les Alpes."
"Chambéry ? Chamonix ?"
"Vous connaissez Chambéry ???"
"Oui, j'ai visité Chambéry quand je vivais en France."
Boh ??! Un balinais qui est allé à l'étranger, c'est déjà pas commun, mais, à Chambéry, on a atteint le summum de l'improbabilité !!!
Et en plus on a trouvé notre chauffeur aller à Munduk demain. Nikel !

Ah oui, mais nan : en arrivant au spa, nouvelle péripétie. On a eu beau faire attention, problème de communication ou mauvaise indication sur internet, quoi qu'il en soit, il y a deux Putri Spa sur Ubud et, évidemment, en plus d'arriver avec 25 minutes de retard, on n'était pas dans le bon. Oups... ! Mais, à Bali, pas de souci, l'horaire et le lieu ne sont apparemment pas des critères rédhibitoires. Après un verre d'eau et un petit lavage de pieds, on a suivi nos esthéticiennes, moi d'un côté, les filles de l'autre, en duo. 
Mon esthéticienne avait beau être toute petite, ayant eu vent de la force qu'elles ont dans les poignets, quand elle m'a demandé si je voulais un massage medium (moyen) ou strong (fort), je n'ai pas hésité une seule seconde : "Medium, please." Puis, elle a posé les mains sur moi et là... en dépit de ma capacité résistance-à-la-douleur plutôt élevée, j'ai quand même eu l'impression que mon dos allait se briser. "More strong?" (Plus fort.) Hum.... nan, je crois pas... ça va pas être possible ! Au final, je sais pas si c'est elle qui a mis moins de force à l'ouvrage ou si moi qui me suis habituée, mais au bout de 90 minutes, j'étais à deux doigts de m'endormir.
La salle était joliment décorée. En plus de la douche en pierre bien utile pour retirer toute l'huile à la fin du massage et me réveiller, il y avait un petit pot de fleurs posé juste en dessous du trou pour la tête du matelas. Dans mes instants questionnement bizarroïde, je me suis demandée s'il était là pour récupérer la bave des clients qui s'endorment ou la morve des clients enrhumés. (aaah, que de poésie et de romantisme !)
En sortant, on a eu droit à une tasse de thé et des biscuits style petits beurres. Hum... verre d'eau, lavage de pieds, 90 minutes de massage intégral, thé et biscuits, le tout pour 10€ (150,000IDR). Mais pourquoi est-ce que je n'ai pas franchi les portes d'un spa balinais plus tôt ???

Comme on a choisi de rester une nuit supplémentaire à Ubud, le taxi nous a déposées devant le Jati Homestay, notre nouvelle auberge de jeunesse, située tout au fond du compound d'une famille d'artistes. Si l'espace réception-tables de petit déjeuner entourées d'un bassin à poissons était très joli, la chambre, elle, était sombre et un peu vieillotte. Remarque, qui dit mur tressé, dit peut-être pas de geckos pour nous faire la discussion pendant la nuit... après tout, se ventouser à un mur tressé doit être un peu compliqué. Nan ?

Le midi (enfin, à 14h bien tassées !), j'ai emmené les filles au Clear Café. On a mangé sur une table basses et des coussins à même le sol. Un beau décor, une belle vue et un bon plat... bref, on est restées au moins 2h !

Pour éliminer notre repas, on est allées se balader dans les rizières que j'avais visité pendant ma semaine d'orientation sur les hauteurs d'Ubud. Bon, trois semaines plus tard, les terrasses étaient toujours aussi sèches, période de jachère oblige, mais un peu plus vertes.
Une fois en haut, on s'est posées dans la petite hutte sur pilotti au-dessus d'une marre-à-gros-poissons-recouverte-de-nénuphares d'un café pour initier les filles au jus de jeune noix de coco. Verdict : autant le cadre et la présentation étaient top, autant le jus en lui-même n'a vraiment rien de spécial. (mis à part ses propriétés de détraquage d'intestins, peut-être... !)
Sur le chemin du retour, à la tombée de la nuit, on a découvert que les hauteurs d'Ubud étaient le repère des nouveaux petits couples. Assis côte à côte, à discuter, rigoler, sans pour autant se toucher, encore moins s'embrasser. Dans cette culture où on n'affiche pas son amour au grand jour, je me demandais comment les couples se formaient. J'ai ma réponse : au détour des rizières d'Ubud.

Le soir, on a assisté à un spectacle de legong, l'une des danses traditionnelles balinaises regroupant des hommes et des femmes. Enfin, assisté ou subi, à vrai dire, puisque, malgré la joie que je me faisais de voir un tel spectacle, malgré la musique et les lumières, épuisées comme on l'était, on a bien failli s'endormir toutes les trois sur notre chaise ! 
La position de leurs mains et de leur corps était impressionnante car elle était tout sauf naturelle. J'imagine les heures d'entraînement qu'il y a derrière toutes ces chorégraphies. Leur regard faisait rire et peur en même temps car ils avaient les yeux grands (très grands) ouverts, interdiction de cligner, yeux qu'ils bougeaient constamment de gauche à droite très rapidement. Ils pourraient suivre un match de Roland Garros fingers in the nose !

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