Aujourd'hui, on a quitté Bali.
Un taxi "décapotable" est venu nous chercher. Pas de places assises pour les passagers, on s'est retrouvées, avec nos gros sacs à dos, dans le coffre-remorque ! En mode Pekin Express. Notre confort rudimentaire en a pris un coup lorsque d'autres passagers sont montés. Heu... chauffeur, ça devient un peu trop étroit à l'arrière tout à coup ! J'ose même pas imaginer le "débarquement immédiat collectif" en cas de freinage intempestif...
Une fois à destination, on n'a même pas eu le temps de descendre du coffre que des femmes (avec une corpulence largement inférieure à la mienne) avaient déjà attrapé nos sacs, les avaient posés sur leur tête et en avant Guingamp. Mais comment tu fais ??? Moi, rien que quand je le porte les 17kg sur mon dos, je sens mes vertèbres se tasser !
Le temps de mettre nos chaussures dans une caisse, on a embarqué les pieds dans l'eau. Au revoir Bali. Bonjour Gili. À l'avant du bateau, plusieurs valises étaient entassées devant la porte des toilettes. Avec des passagers occidentaux, potentiellement sous l'emprise du fameux "Bali Belly", c'était peut-être pas l'idée du siècle... y a plus qu'à espérer que personne ne ressente l'envie soudaine de se vider !
Nos intestins ne sont pas les seuls à avoir été testés pendant la traversée, nos estomacs aussi ont été mis à rude épreuve. La mer avait beau être calme, avec la vitesse, le bateau n'arrêtait pas de décoller pour mieux retomber se fracasser sur les vagues. Heu... c'est par où les toilettes ? Ah oui, c'est vrai, l'accès est bloqué !
Fortes de nos expériences fructueuses en matière de marchandage, on s'était lancées un nouveau défi plutôt ambitieux : arriver à Gili Trawangan sans avoir réservé d'hôtel en amont. Pendant la basse saison, c'est apparemment un bon moyen d'obtenir une chambre à prix cassé à Bali. Et si, tant qu'à faire, on visait un hôtel un peu plus haut de gamme ? Oui, c'était un défi plutôt ambitieux. D'autant qu'on avait omis un détail important : on n'était plus à Bali !
Nos sacs sur le dos, on a remonté la plage direction la rue principale et les cochers (comme, sur les îles Gili, les véhicules motorisés ne sont pas autorisés, les chauffeurs se déplacent en petites calèches jaunes casses-gueules). On a tenté d'expliquer notre mission (passer d'hôtel en hôtel repérés tant que le prix négocié ne nous convenait pas) au premier chauffeur qui nous a alpaguées mais, malgré sa réponse "Yes yes.", bizarrement, je le sentais pas. Hum... les filles, je crois pas qu'il maîtrise l'anglais du feu de Dieu ! Et ça n'a pas manqué : arrivés au premier hôtel, pas le temps pour l'une d'entre nous d'atteindre la réception que le chauffeur voulaient déjà prendre d'autres passagers. Du coup, la situation s'est corsée. Non non non, il ne nous emmènerait pas plus loin pour ce tarif et il n'attendrait pas non plus. Le réceptionniste est venu à la rescousse pour jouer les interprètes. Mais non, pas de négociation possible. Le chauffeur était campé sur ses positions. Ben écoute, si on n'obtient pas la prestation initialement négociée, tu n'auras pas l'intégralité de la somme convenue ! Bref, en plus d'être des blanches-riches, on a acquis le statut de chieuses... la situation rêvée pour attaquer les négociations !
On a traversé l'hôtel désert, visité l'une des nombreuses chambres libres et, de retour à la réception, enclenché le mode 'négociations'. Les tarifs proposés dépassant de loin le budget que l'on s'était fixées, on a remis nos sacs sur le dos et rebroussé chemin, à pied, sous une chaleur à crever. Plus on s'approchait de la zone restos-bars-boîtes, plus les tarifs des hôtels augmentaient. Ruisselantes et à bout de forces, on a fini par craquer et on est montées à bord d'un autre taxi-cocher direction le centre de l'île, où l'on avait repéré un hôtel beaucoup moins cher, avec une piscine, lui aussi.
Deuxième cocher, deuxième associable. Décidemment, Gili n'a rien à voir avec Bali ! Ici pas d'offrandes dans les rues, pas d'extrême gentillesse non plus. Bonjour la douche froide ! Personnellement, je n'avais qu'une envie : reprendre un bateau pour Bali ! Et puis, le taxi-cocher a pénétré à l'intérieur des terres et mon envie s'est amplifiée. Si l'allée principale regorge de magasins, écoles de plongée, restaurants, bars et boîtes de nuit, le centre de l'île est, à l'inverse, en friche. Il n'y a que des pseudo-chemins sablonneux, une végétation laissée à l'abandon et des maisonnettes comparables aux bidonvilles de São Paulo. L'inquiétude s'est emparée de nous. Mais dans quoi est-ce qu'on s'embarque là ???
Après un temps de transport inversement proportionnel à la distance parcourue (vu l'état des chemins et la non-résistance des calèches) et quelques cheveux blancs en plus, on est enfin arrivés au Trawangan Oasis. Et - soulagement ! - l'hôtel porte véritablement bien son nom. Situé au milieu d'un no man's land, il se compose de chambres spacieuses de plein pied construites autour d'une piscine et d'une végétation entretenue, de fleurs, d'arbres et de petits abris en bois ombragés avec hamacs. Le propriétaire australien a même accepté de baisser le prix déjà abordable de la chambre. Plus de peur que de mal : finalement, cet hôtel, c'est le pied !
Remise de notre ascenseur émotionnel de la matinée, on est parties à pied explorer le nord de l'île. On a choisi de rempoter nos estomacs dans un restaurant-cabanes sur pilotti où l'on a mangé assises sur des coussins à même le sol. Si l'état de la carte laissait envisager le pire (ascenseur émotionnel me revoilà !), mon sandwich BLT et mes frites étaient plutôt bonnes. Et c'est pas mon nouvel ami le chat qui dira le contraire ! Si, à Bali, il y a une population principalement canine, ici, à Gili T., il y a plein de chats (qui ont d'ailleurs très souvent la queue coupée... allez savoir pourquoi !?) Bref... quand le petit rouquin a commencé à roder autour de nos assiettes, Charline lui a donné une de mes frites. Ah ben il ne lui en fallait pas plus ! Monsieur a établi son QG sous mon assiette et me faisait les yeux doux à chaque bouchée. Chat potté, sors de ce corps !!
À côté du restaurant, il y a une plage avec des eaux peu profondes (et très chaudes !). Après une petite session trempette, pendant que Mélody et moi on bronzait sur nos serviettes-sarongs (le sarong est L'accessoire indispensable dans la région car il sert 1-de sarong, bien évidemment, 2-de serviette de plage, 3-de paréo), Charline, équipée de son masque-tuba, est partie à la recherche de L'attraction de la plage : les tortues. J'ai adoré son retour en courant, comme une petite fille émerveillée par l'expérience qu'elle venait de vivre : "Ti-pha-nie, Tiii-phaaa-niiieee !!! J'ai vuuu une tooortuuueee !!! (...) On est restées là à se regarder. (...) Et quand je suis partie, je lui ai dit au revoir !"
Si les îles Gilis sont réputées pour leurs couchers de soleil, nous, ce soir, au nord de l'île, on était bien. Du coup, depuis nos serviettes-sarongs, on a assisté au changement de couleurs des nuages au-dessus de nos têtes. Les tons rosés mélangés aux nuages blancs à gris foncés en provenance de Gili Meno où l'orage grondait et les éclairs fendaient le ciel, wahou ! C'était magnifique !
Le soir, après une bonne douche dessalante, on a enfourché nos vélos de location direction le "centre" (sud) de l'animation. Éclairées aux seules loupiotes de nos deux roues, au détour des pseudo-chemins sablonneux, on est tombées nez à nez avec un troupeau de vaches. Après les chats, puis les chèvres croisées en revenant de la plage, décidemment, Gili T. est un zoo à l'état sauvage !
Le Night Market, c'est LE lieu où manger des produits locaux pas chers tous les soirs. Sauf que, après avoir zigzagué entre les allées, vus les poissons exposés à l'air ambiant, même si on est loin des visions d'horreurs du marché de Singaraja, ça m'a retourné l'estomac. Le seul stand qui m'a tentée, c'est celui de gâteaux. Cakes, cupcakes, roulés : il y avait du choix. Pour moi, ce sera gâteau au chocolat et cake à la banane, s'il vous plaît.
Avant de rentrer, histoire de se donner des forces pour pédaler à travers les chemins sablonneux, on s'est octroyées une petite Bintang citron au Sama Sama, un bar reggae-rock réputé.