Day 20: A Very Special Day

Il y a des jours où on se lève normalement et on se couche un peu différent. Des jours comme aujourd'hui.

8h30. Les bagages sont dans le bateau, les passagers sur le quai, l'équipage en train de bavarder. Mais qu'est-ce qu'on attend pour embarquer ? On devrait déjà être partis. On aurait laaargement eu le temps de prendre un petit déj' ! Aaaah... "Bali time", comme on dit ici (=l'heure balinaise). La notion de temps est un concept assez abstrait à Bali, dans un sens comme dans l'autre. À l'aller, on est parties de bonne heure de Penestanan pour ne pas rater le départ du bateau, soit disant à 9h. Une fois sur place, comme l'indiquait la grande pancarte publicitaire, on a découvert que le départ est en fait quotidiennement fixé à 10h ! Au retour, je ne vois vraiment pas ce qu'on attendait, mais une chose est sure : on attendait ! Au final, on a levé l'encre avec un quart d'heure de retard.

30 minutes au sommet du bateau, les cheveux au vent. Quelque chose a changé en moi, je ne serai dire quoi. Les mots se sont bousculé et moi, j'ai évolué.

Après un arrêt rapide chez Dunkin' Donuts (que les filles ont dévalisé... iiiuuu !), on est rentrées. Heureusement que Pamela est venue à la maison préparer nos activités de la semaine parce que Morphée était en train de m'appeler. Au programme des semaines à venir : l'alphabet. 26 lettres à étudier, il va falloir en créer des activités ! Avec 1h de cours aujourd'hui (les institutrices utilisent la deuxième heure), on va se contenter des trois premières lettres. Histoire de varier les activités, les enfants devront peindre le A (comme "apple" - pomme) en rouge, colorier le B (comme "butterfly" - papillon) et remplir le C de petits morceaux de papier brillant à coller.

À l'école aussi quelque chose a changé (et ce n'est pas seulement dû au remplacement de Dewi par Konix au poste de coordinatrice ou à mon nouveau look sarouel balinais). Les enfants commencent à me reconnaître, à me sourire, à m'intégrer. Du coup, quand, tous fiers d'eux, ils finissaient une activité, ils venaient me voir, moi aussi, à la recherche d'un "Bagus! Very good!" et d'une étoile ou d'un smiley, dessinés pour les féliciter. Je me suis même fait un ami : un petit "perplexe" avec qui j'ai utilisé ma fameuse technique infaillible de la démonstration-reproduction. Résultat : à chaque fois qu'il traçait un trait, il relevait la tête pour chercher mon approbation. Et des traits, il y en avait ! Mon défi du jour aura été de distribuer les cahiers : si tendre un cahier à un élève n'a rien de surhumain en soit, prononcer le nom inscrit sur la petite étiquette, en revanche, relève du parcours du combattant. Le conseil n¨1 en matière de prénoms indonésiens, c'est d'accentuer les voyelles (un peu comme une touche clavier qui se bloque). Ce qui donne, par exemple, Maouaaaare (Mawar - sans oublier de rouler le "r"), Pipiiiite (Pipit) ou encore Aadiiii (Adi).
Oui, aujourd'hui, c'était différent : c'est la première fois que je donnais un cours que j'avais préparé. C'est la première fois que je me suis vraiment sentie prof.

Contente de ma journée, j'étais prête à la partager avec mes colloc's en rentrant... sauf qu'elles n'étaient pas là ! (et qu'elles ne sont rentrées qu'à 21h). J'ai eu la maison (et la connexion internet) pour moi toute seule pendant 3h. Quand j'ai emménagé dans la Wija House, on était 10. De 10, on est passées à 8. Et, comme aucune nouvelle colloc' n'a emménagé ce weekend, de 8 on est passées à 5. À la fin de la semaine, on ne sera plus que 3. Moi qui suis plutôt du genre à vivre seule, j'ai pris l'habitude de me brosser les dents pendant qu'une de mes coloc's utilise le miroir, le tout sur fond de "musique" d'une vessie qui se vide à quelques mètres de nous, derrière un simple rideau... Alors, oui, ça fait vraiment bizarre.